Abdelmalek Sayad, Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles

Editions Autrement, Paris 1995, 144 pages, avec la collaboration de Eliane Dupuy

Janine Dantan

Bibliographical reference

Abdelmalek Sayad, Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles, Editions Autrement, Paris 1995, 144 pages, avec la collaboration de Eliane Dupuy

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Janine Dantan, « Abdelmalek Sayad, Un Nanterre algérien, terre de bidonvilles », Revue Quart Monde [Online], 159 | 1996/3, Online since 20 May 2020, connection on 28 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9047

Le bidonville est, comme son nom l’indique, le prolongement de la ville. Ceux qui y vivent parlent de baraques et de baraquements. Une ville en bidons faite de matériaux de récupération. Une ville bidon...

Les bidonvilles de Nanterre se sont constitués à partir des années cinquante, une époque profondément marquée par la guerre d’Algérie.

L’afflux des émigrés algériens, travailleurs isolés dans un premier temps, puis familles entières, a atteint de telles proportions que toutes les possibilités traditionnelles de logements ont été dépassées. (En 1964, un recensement donnait un millier de familles, soit cinq mille cinq cents personnes, plus quatre mille cinq cents individus isolés !) Les foyers réquisitionnés par les entrepri­ses locales (SIMCA, WILLEME...) offraient des possibilités d’hébergements inférieures au dixième du nombre des travailleurs nord-africains vivant à Nanterre !

Sur ce territoire, un monde de baraquements envahis par la boue et les rats ou menacés par les incendies accidentels et criminels a pourtant vécu avec ses échanges, ses rituels, reconstituant les solidarités rurales importées du pays...

Trou, tanière, terrier, habitation troglodyte, c’est la représentation du bidonville et donc de ses occupants, amas de cahutes à moitié enterrées, adossées à des talus naturels ou artificiels, exclusion d’un espace et d’une population, séparation du bidonville du reste du monde.

Plus de vingt ans après son éradication, ce bidonville hante la mémoire et les corps. Il a déterminé la révolte fataliste des immigrés, il nourrit la colère des enfants de la deuxième génération. Un témoignage nécessaire.

L’exclusion, la grande pauvreté, ne les retrouve-t-on pas aujourd’hui dans les banlieues de nos grandes villes ? Avec en plus la crise économique qui engendre chômage et violence et une population immigrée importante et parfois encore mal intégrée.

Janine Dantan

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