Florence Bouillon, Freddy Muller, Squatteurs, Un autre point de vue sur les migrants

Éd. Alternatives, Paris, 2009, 145 p.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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Florence Bouillon, Freddy Muller, Squatteurs, Un autre point de vue sur les migrants, Éd. Alternatives, Paris, 2009, 145p.

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Florence Bouillon, Freddy Muller, Squatteurs, Un autre point de vue sur les migrants », Revue Quart Monde [En ligne], 213 | 2010/1, mis en ligne le 01 juillet 2010, consulté le 18 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9063

Être squatteur est une situation transitoire. C’est celle d’une personne ou d’une famille sans logement et qui occupe un logement vide de manière provisoire sans droit ni titre. L’habitation dans un squat s’accompagne toujours d’insécurité. Le squat fait partie d’une chaîne de situations précaires comme le sont l’hébergement chez des parents ou la vie à la rue, la vie à l’hôtel ou dans un foyer. Si parfois le squat est collectif, d’une certaine importance et se prolonge pendant un certain temps, il peut s’accompagner d’une organisation interne de la vie commune par les habitants permettant de pallier l’indignité du logement par la dignité des comportements. Mais il reste le plus souvent un lieu insalubre, sans eau ni chauffage, privé parfois d’électricité et dans lequel la santé (risque de saturnisme notamment) et la socialisation des enfants sont compromises. Le squat engendre l’angoisse de se retrouver à la rue ou d’être reconduits à la frontière pour les migrants qui sont sans titre de séjour. Mais les squats ne sont pas seulement des lieux où se retrouvent les sans-papiers. Ils concernent tous les précaires : travailleurs ou non, munis de papiers ou non. Ce sont les seules solutions à la portée de ceux qui ont de trop faibles revenus pour payer un loyer et cependant le squat n’est pas gratuit. Il faut parfois payer un droit d’entrée ! Les squats abritent aussi des artistes et des contestataires qui donnent du sens à la mixité sociale, favorisant ainsi la protestation des squatteurs sans voix.

Le livre de Florence Bouillon (texte) et de Freddy Muller (photographies et interviews de quinze squatteurs migrants) nous montre avec une grande précision les conditions de vie dans les squats, les rafles des sans-papiers, les expulsions et la résistance qu’opposent les expulsés.

De nombreuses photos toujours floutées montrent des couloirs, des passages, des lieux de vie, et la rue où des enfants dorment parfois par terre, à même le sol. Images saisissantes de l’insécurité et de la précarité du quotidien de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants.

La parole des personnes est fidèlement rapportée. Leurs combats aussi. Citons simplement Ibourahim qui est dans une situation régulière, a un travail. Il a été expulsé avec sa petite fille et s’est installé avec d’autres dans des tentes devant le squat dont ils ont été chassés : « On ne nous a rien proposé comme solution de relogement, pas même l’hôtel. Ensuite les forces de l’ordre ont voulu nous expulser du trottoir pour trouble à l’ordre public. » En effet, préoccupé surtout de la protection de la propriété privée et de la veille sur l’ordre public, l’État a du mal à faire respecter les droits des mal-logés ou des sans logements. Ce livre nous informe du contexte juridique de ces situations mal connues du grand public. C’est parce qu’il fait suite à une thèse de doctorat sur le sujet qu’il est parfaitement documenté et organisé en chapitres clairs et précis. Un livre à lire.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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