François Jacquot-Francillon, Naissance de l’école du peuple (1815 - 1870)

Editions de l’Atelier (Editions ouvrières) 1995, 320 pages.

Rédaction de la Revue Quart Monde

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François Jacquot-Francillon, Naissance de l’école du peuple (1815 - 1870), Editions de l’Atelier (Editions ouvrières) 1995, 320 pages.

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Rédaction de la Revue Quart Monde, « François Jacquot-Francillon, Naissance de l’école du peuple (1815 - 1870) », Revue Quart Monde [En ligne], 162 | 1997/2, mis en ligne le 22 mai 2020, consulté le 18 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9128

Un rapide aperçu sur la scolarisation des plus pauvres depuis le Moyen Age jusqu’à la Révolution décrit l’action des Hôpitaux des Confréries et surtout des Frères des Écoles chrétiennes dont le succès est très grand grâce à l’enseignement gratuit donné aux plus démunis. L’école, synonyme de vie religieuse, fera la distinction entre le « bon » et le « mauvais » pauvre. Les élites intellectuelles du Siècle des Lumières, y compris Voltaire, envisageaient les « classes du peuple » avec répugnance, pensant que les pauvres ne devaient apprendre qu’à manier le rabot et la lime.

En 1791, la Constitution annonce une « instruction publique commune à tous les citoyens », transformant le terme « charité » en celui de « philanthropie ». Cependant, les « écoles de charité » seront maintenues jusqu’à la Loi Guzot de 1832. A partir de 1815, l’école du peuple va susciter un étonnant courant d’adhésion (de la part des dirigeants, des responsables politiques, des patrons, du clergé...). Des écoles mutuelles, des écoles normales et centrales, des comités d’industrie et de bienfaisance, seront créés par Carnot et ses successeurs.

Les Sociétés philanthropiques s’élèveront contre la tutelle catholique des pauvres. Elles vont tenter de mettre en avant la fonction productive des pauvres pour éviter de fabriquer artificiellement la pauvreté. Il faut appauvrir le pauvre de sa dépendance. D’après les philanthropes, il y a trop d’instruction religieuse dans les écoles chrétiennes. La méthode mutuelle, sans la supprimer, ouvrira les enfants à des connaissances plus variées. L’idéal de cette nouvelle école sera le célèbre livre Le tour de France de deux enfants publié au début de la IIIe République où les rappels au droit, à la morale politique, à l’honnêteté, à l’hygiène, à l’économie, à l’agriculture, dressent l’inventaire des savoirs modernes.

La loi du 22 mars 1841 donne une chance aux enfants ouvriers d’avoir un minimum d’instruction. Il est quasi impossible de chiffrer le nombre des enfants entre huit et douze ans travaillant dans les mines de charbon, les usines textiles et cela dans d’effroyables conditions. Les mauvais traitements, les milieux malsains, la promiscuité, ajoutent à la dureté du travail. La loi de 1841 a tenté de limiter l’âge des enfants et la durée du travail. Des classes spéciales seront ouvertes pour les instruire soit à midi, soit le soir, ce qui sera un surcroît de travail et de fatigue.

Malgré de grandes réticences - venant à la fois des patrons et des familles pour qui le salaire des enfants permet parfois de subsister -, certains patrons philanthropes ouvriront des écoles de fabrique ou de manufacture, et cela sur place en réduisant les travaux. C’est surtout en Alsace, et particulièrement à Mulhouse, que des expériences positives seront réalisées. Aucun enfant en dessous de douze ans ne sera embauché ou seulement pour la mi-journée.

Un long chemin a été parcouru depuis la primitive école des pauvres du dix-huitième siècle jusqu’à l’école moderne du peuple du dix-neuvième siècle.

Ce livre de premier ordre, volume de référence, apporte un précieux éclairage historique sur le rôle de l’École dans la société.

Rédaction de la Revue Quart Monde

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