Azouz Begag, Les dérouilleurs : ces Français de banlieue qui ont réussi

Ed. Mille et une nuits, Paris, 2002, 170 p.

Jacqueline Konrad

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Azouz Begag, Les dérouilleurs : ces Français de banlieue qui ont réussi, Ed. Mille et une nuits, Paris, 2002, 170 p.

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Jacqueline Konrad, « Azouz Begag, Les dérouilleurs : ces Français de banlieue qui ont réussi », Revue Quart Monde [En ligne], 185 | 2003/1, mis en ligne le 01 juillet 2003, consulté le 25 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9257

Ce livre traite du devenir des jeunes des banlieues à partir d’enquêtes et d’entretiens auprès de ceux qui ont quitté leur milieu.

L’exposé « tiré d’une recherche financée par l’Institut des hautes études sur la sécurité intérieure et la délégation interministérielle à la ville en 2000 » montre les itinéraires personnels d’arrachement des jeunes aux quartiers où « la vie confinée était pathologique et nourrissait des peurs et une paranoïa collectives ». Le dérouilleur est celui qui n’accepte plus de « rouiller » au cours des jours dans sa cité. Ces jeunes accusent la société : « On nous enferme là-dedans et on nous demande de moisir là-bas » avec en plus l’effet de bande « dans l’étau de la bande, ils se persuadaient réellement que le monde extérieur leur était hostile ».

Le livre expose les motivations, les occasions, les aléas, les réussites de jeunes (en majorité maghrébins) pour sortir de cet univers. Analyse des parcours, des influences, des études (passé un cap, pas de véritable rejet scolaire), de l’environnement familial, des ressources intérieures personnelles (courage), de l’aide des « passeurs » rencontrés, de l’apport des femmes, des « distances et écartèlements ».

Cet ouvrage est constructif et optimiste. De plus, on peut penser que ce qui est valable des cités en situation précaire et dans l’ambiance urbaine que l’on sait, peut s’extrapoler à d’autres situations. L’auteur insiste à maintes reprises sur l’importance du courage pour s’arracher à son milieu. Il dénonce l’assistanat. Il est important de prendre conscience, seul ou avec un « tuteur », « grâce à des qualités psychologiques » de la nécessité de partir, d’oser changer, d’aller voir ailleurs. C’est cela qui est salvateur et permet de construire une vie avec un travail valorisant, une famille, avec éventuellement un rôle politique ou associatif, etc.

Le maître mot de la conclusion : confiance. « L’idée de confiance en soi est fondamentale dans la réussite sociale des dérouilleurs ». Un ouvrage tonique, bien nourri d’exemples et d’arguments.

Jacqueline Konrad

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