“Les prisons sont pleines à déborder de jeunes, pauvres, entre dix-huit et vingt-cinq ans : pour la plupart, ils sont nés dans l’indigence et ont grandi dans l’absence d’offre de travail. Beaucoup sont maintenant pères de famille. (...) On sent de la rage et de l’indignation devant tant de jeunesse sacrifiée, non rachetée, alors qu’elle était rachetable. Depuis trois mois se sont joints à notre équipe deux maîtres de l’enseignement public (...) Ils ne donnent pas un programme scolaire systématique mais essaient de répondre à la demande des jeunes  (...) Par exemple, la semaine dernière, on a travaillé avec eux un article/étude sur l’inégalité sociale dans le pays : pour eux, ça a été une découverte d’aller aux causes. La finalité n’est pas de leur faire emmagasiner des connaissances mais de faire qu’ils se sentent capables de réfléchir sur leur situation, sur les causes de leur situation pour arriver à entrevoir des issues possibles à partir d’eux-mêmes. De plus, quand ils sortent de prison, ils ont tout perdu, parfois même leur famille. (...) Nous pensons donc, en tentant d’avoir un appui du gouvernement, essayer de monter une espèce de foyer d’accueil pour ceux qui sortent, de façon qu’ils soient accompagnés et assistés un temps pour se préparer à se réinsérer dans la société.

Claude F.D., (Argentine)

Extraits de la Lettre aux amis du monde, n°60, nov. 2004. (publication trimestrielle rassemblant des extraits de lettres de personnes engagées auprès de populations très démunies à travers le monde – en anglais, espagnol et français.)