Yves Pedrazzini, Charles-Leopold Mayer, Malandros. Bandes, gangs et enfants de la rue

Desclée de Brouwer, 1998, 271 pages

Françoise Louis-Lucas

Bibliographical reference

Yves Pedrazzini, Charles-Leopold Mayer, Malandros. Bandes, gangs et enfants de la rue, Desclée de Brouwer, 1998, 271 pages

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Françoise Louis-Lucas, « Yves Pedrazzini, Charles-Leopold Mayer, Malandros. Bandes, gangs et enfants de la rue », Revue Quart Monde [Online], 169 | 1999/1, Online since 25 May 2020, connection on 19 April 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9380

En Amérique latine, dans les banlieues des grandes villes, des millions d’enfants vivent dans la rue : ils courent le risque d’être assassinés pour un oui ou pour non et cet ouvrage a pour but de leur donner la parole.

De fait, avec la poussée des technologies nouvelles, les villes se développent mais la pauvreté s’accroît aussi et les services d’intégration sociale (éducation, santé, loisirs …) ne sont plus suffisants dans les quartiers populaires qui se sont étendus de manière incontrôlée.

D’où l’apparition chez les « malandros » (jeunes de 15 à 30 ans) et les enfants de la rue d’une culture d’urgence face à la culture technologique, car ils supportent mal d’être exclus de la prospérité de leur pays. S’efforçant d’être, chacun, des acteurs essentiels de leur survie, ils cherchent, par la ruse, à contourner l’économie de marché et à développer des activités illégales qui sont souvent plus lucratives que le salaire d’un ouvrier de base…

Ils font régner l’insécurité et de ce fait, subissent la répression policière … Mais ce combat de la police est voué à l’échec. En effet on refuse de voir les causes pour combattre les conséquences : on se laisse donc entraîner dans l’engrenage de la violence.

En effet, les causes de l’insécurité sont dues à la crise économique, aux contraintes du FMI, au prix du pétrole.

Le malandro, issu d’un milieu très pauvre, doit voler pour survivre, mais il voudrait remettre de l’ordre dans le chaos social : il cherche à obtenir, par la violence, des droits naturels tels que le logement, la nourriture, les vêtements … Soigneux de son « look » (il ne porte que des habits de marque !), il respecte un certain code de l’honneur, utilise un langage spécial … Bref, il a créé un style de vie particulier, dans son quartier.

Désireux de ne pas vivre dans la misère, il bâtit sa culture d’urgence sur d’autres valeurs que celles de ses parents. Il faudrait faire alliance avec lui, pour parvenir à comprendre son message d’espoir : il faut sauver les jeunes qui tuent !

Cet ouvrage, réalisé par deux sociologues spécialistes de l’Amérique latine, résulte d’une enquête faite à Caracas entre 1988 et 1991 …

Si les témoignages d’enfants interviewés sont très vivants, ce livre n’est cependant pas d’une lecture facile. Face à l’insécurité et à la violence des grandes métropoles, les auteurs cherchent à éclairer la « politique de la ville » : celle-ci doit absolument prendre en compte tous ceux qui vivent dans la ville et les faire participer aux décisions qui les concernent.

Françoise Louis-Lucas

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