Isabelle Coutant, Politiques du squat

Ed. La Dispute, 2000, 222 pages

Jean-Jacques Boureau

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Isabelle Coutant, Politiques du squat, Ed. La Dispute, 2000, 222 pages

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Jean-Jacques Boureau, « Isabelle Coutant, Politiques du squat », Revue Quart Monde [Online], 182 | 2002/2, Online since 30 May 2020, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9404

Dans un quartier nord de Paris en pleine réhabilitation, cohabitent des ouvriers, anciens résidants, des nouveaux arrivants, cadres moyens, les uns en voie d’expulsion, les autres propriétaires et, au milieu de cette population, des familles immigrées qui ont squatté des logements abandonnés.

L’auteur, sociologue, habitante du quartier, a voulu étudier les relations existant entre les squatters, cette population disparate, l’administration et les associations locales. C’est cette étude qu’elle présente dans ce livre. Sans entrer dans les détails de cette recherche signalons quelques points importants :

- Le squatter pour être accepté va développer des stratégies le faisant apparaître comme « un bon squatter » dont l’image sera acceptable pour les autres.

- L’ambiguïté des positions administratives : certains squatters sont là depuis dix ans, tolérés, puis on leur a demandé de payer mille cinq cents francs par mois. N’ayant pas de reçu ils ne payent pas mais on les laisse en place. En fait les agents publics aménagent les normes qu’ils doivent faire respecter en fermant les yeux soit sur le deal, le vol ou le recel, du « business » comme disent les jeunes mais on sait que le chômage existe, alors…Il existe ainsi une frontière pas très nette entre norme d’Etat et déviance qui servira de référence aux squatters.

- La position des habitants face au squat résulte moins d’une référence au concept d’exclusion que d’une vision du quartier et de l’état des différentes classes sociales pour s’approprier le territoire. Ainsi il y a ceux, - les anciens, la police et les associations - qui pensent que le quartier se dégrade, qui rattachent la délinquance à la responsabilité individuelle et ceux, optimistes, qui jugent le quartier « populaire et mélangé » et rattachent la délinquance à des causes extérieures à l’individu, d’où des jugements différents sur le squat.

- Le système d’interactions entre les différents groupes semble assurer la relative tranquillité des squatters jusqu’au jour où les « marginaux » aspirent à s’élever socialement et où les « établis » se sentent menacés de déclin. On parlera alors d’insécurité, l’ordre naturel entre groupes étant remis en question.

Dans ce livre qui est une thèse de sociologie, on trouvera beaucoup d’interviews donnant la photographie d’un quartier populaire avec toutes les réactions connues sur l’immigration, la drogue, etc. Il est facile à lire et son sujet « étude d’un squat », relativement nouveau, apporte un éclairage particulier sur la vie de quartier.

Jean-Jacques Boureau

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