Annick Madec, Le quartier c’est dans la tête, L’histoire vraie de Stéphane Méterfi

Flammarion, 1998, 236 pages

Gilbert Ribier

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Annick Madec, Le quartier c’est dans la tête, L’histoire vraie de Stéphane Méterfi, Flammarion, 1998, 236 pages

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Gilbert Ribier, « Annick Madec, Le quartier c’est dans la tête, L’histoire vraie de Stéphane Méterfi », Revue Quart Monde [Online], 172 | 1999/4, Online since 26 May 2020, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9429

Les raison et le but de ce livre sont très bien définis par Stéphane Méterfi lui-même en six ou sept pages au début de l’ouvrage : « En 1995, quand l’abbé Pierre m’a dit qu’il fallait faire un livre sur mon parcours pour que cela serve à d’autres, j’étais prêt. Alors, j’ai demandé à Annick de sortir son magnéto, de m’accompagner dans mon voyage pour relever le défi ». On y lit aussi : « Le but de l’histoire est, tout simplement, de montrer qu’on est capable de faire des choses positives. Montrer qu’on n’est pas né avec un pétard à la bouche, qu’on n’a pas une voiture volée comme premier jouet, qu’on n’a pas été élevé avec de la haine, de la violence dans notre biberon. On ne choisit pas son lieu de naissance, sa destinée, mais on peut contribuer à l’orienter dans le bon ou le mauvais côté. C’est pour ça qu’avec mes potes du quartier, on a voulu se réveiller, se battre et avancer avec ceux qui ont envie que ça bouge ».

La préface de M.C. Solaar est également très significative : « La force de ce livre est qu’il livre des pistes pour s’en sortir, s’intéresser et s’investir dans cette vie. En un mot, viens dans les quartiers voir la réalité. Viens vérifier que parfois les relais de proximité peuvent être efficaces ». Ou encore : « C’est une histoire de joie, un conte de douleur, de paradoxes et d’incompréhension. Quand la mode est à la délinquance juvénile, il lutte contre la philosophie de ghetto ».

Cette histoire se passe dans la banlieue de Rouen. Stéphane est arrivé à Saint-Etienne-du-Rouvray à l’âge de six ans. Il est né en 1972 dans une famille qui compte déjà sept enfants et deux autres arriveront après lui. Son père était supplétif dans l’armée française au moment de la guerre d’Algérie. En arrivant en France, il décide de donner à ses enfants qui allaient naître un prénom français afin d’affirmer leur identité français musulman. Stéphane s’appelle aussi Larbi.

Stéphane veut, en organisant des fêtes, que des jeunes d’univers différents parviennent à se rencontrer. Après bien des échecs et des difficultés dans de nombreux domaines (en particulier la mort de deux frères dans des conditions pas très bien définies) il deviendra président de l’association « Débarquement Jeunes ». Cette association a organisé avec succès et sans incidents plusieurs grandes fêtes réunissant plusieurs milliers de jeunes. C’est ainsi que Stéphane est devenu célèbre et médiatisé. Il a rencontré des chanteurs, des personnes célèbres, des PDG, des ministres : il est devenu une référence.

Cette histoire heureuse montre que l’on peut avoir une influence sur les événements, que l’on n’est pas obligé de toujours subir. Comme l’indiquait Stéphane, on ne choisit pas sa destinée mais on peut contribuer à l’orienter dans le bon ou le mauvais côté.

Stéphane a eu un immense mérite. Sans rien lui retirer, on doit reconnaître que le soutien de son père, d’un frère, d’une sœur et de plusieurs copains a contribué efficacement au succès de cette entreprise. Ceci montre l’importance du groupe auquel on appartient, pour faire pencher sa destinée d’un côté ou de l’autre.

Gilbert Ribier

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