Alain Mabanckou, Bleu, Blanc, Rouge

Ed. Présence africaine, Paris, 1998, 228 p.

Jean-Jacques Boureau

Bibliographical reference

Alain Mabanckou, Bleu, Blanc, Rouge, Ed. Présence africaine, Paris, 1998, 228 p.

References

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Jean-Jacques Boureau, « Alain Mabanckou, Bleu, Blanc, Rouge », Revue Quart Monde [Online], 175 | 2000/3, Online since 01 February 2001, connection on 29 March 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9460

« Du rêve à la réalité », tel pourrait être le sous-titre de ce roman. Le rêve c’est celui des jeunes d’un village congolais.

Aller en France, devenir « Parisien », un mythe qui les fait vivre, alimente les conversations, un mythe revitalisé chaque année par le retour de Moki, l’enfant du pays qui a réussi... Moki, avec ses costumes alpaga, sa voiture, ses cadeaux pour tout le village, Moki reçu comme un dieu.

Massala-Massala, le héros narrateur, un ami de Moki, relate qu’à la terrasse du café, celui-ci racontait sa vie de Parisien. A la fin, en partant, il ouvrait son agenda pour prendre des rendez-vous avec chacune des filles afin qu’elles viennent apprécier les dernières tendances de la mode parisienne, disait-il, puis il quittait la foule précédé de ses frères, on lui ouvrait la portière de sa voiture..., les filles le touchaient tour à tour comme pour chercher sa bénédiction. Le Parisien avait célébré sa messe annuelle, il le refera l’an prochain.

Dans la deuxième partie du livre, le rêve devient réalité pour Massala. Son oncle paie le voyage, sans papiers, il part avec son ami Moki. On devine la suite, le squat sordide, les faux papiers, les trafics en tout genre, la police, la prison, l’expulsion et la honte du retour au village sans être un « Parisien » à la Moki.

Mais laissons parler notre héros : « Je crois que je repartirai. Je ne peux demeurer avec un fiasco dans la conscience. C’est une affaire d’honneur. Oui, je repartirai pour la France... Repartir, ai-je dit ? Suis-je endormi ou éveillé ? Qu’importe. Le rêve et la réalité ici n’ont plus de frontière. »

On peut imaginer que ce roman n’est peut-être pas une fiction. Très bien écrit, avec humour, il fait découvrir un peu de l’âme de ces jeunes Africains que nous côtoyons chaque jour avec leur rêve en Bleu, Blanc, Rouge.

C’est le roman de la naïveté, de l’espoir brisé par la dureté d’une société dont ces jeunes ignorent tout.

Jean-Jacques Boureau

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