André Gueslin, Dominique Kalifa (dir.), Les exclus en Europe (1980 - 1930)

Éditions de l’Atelier, 1999, 480 pages.

Jean-Jacques Boureau

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André Gueslin, Dominique Kalifa (dir.), Les exclus en Europe (1980 - 1930), Éditions de l’Atelier, 1999, 480 pages.

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Jean-Jacques Boureau, « André Gueslin, Dominique Kalifa (dir.), Les exclus en Europe (1980 - 1930) », Revue Quart Monde [En ligne], 170 | 1999/2, mis en ligne le 30 mai 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9477

Ce livre est le résultat des travaux d’un colloque qui s’est tenu à l’université Paris VII au mois de janvier 1998. On y trouve les contributions de 47 chercheurs qui ont approfondi la question : quels sont les processus qui engendrent l’exclusion ? Processus qui peuvent être le fait de l’État, de ceux qui imposent des normes ou de la société dans son ensemble, chacun pouvant produire de l’exclusion lorsque la différence avec l’autre apparaît trop forte.

Le XIXe siècle ayant été le siècle de la pauvreté, les intervenants se sont principalement intéressés à ce problème de l’exclusion par la pauvreté, mais on trouve également des études sur des minorités exclues comme les étrangers, les bohémiens, les criminels, les lépreux, etc., leur méthode travail ayant été « l’étude de micro-histoires d’exclus pleines de sens ».

La première partie : « Voies de la pauvreté » aborde sous divers angles la situation de la pauvreté qui résulte de l’absence de travail et conduit à une quasi exclusion.

La deuxième partie : « De l’assistance à l’internement » étudie les institutions d’assistance et d’internement et le rôle qu’elles ont joué dans les processus d’exclusion.

La troisième partie : « Normes étatiques, normes juridiques » montre le travail de l’État dans le processus d’exclusion. Pour exclure, il faut séparer, c’est le rôle des normes. Après avoir désigné péjorativement les populations que l’on veut rejeter (romanichels), on les trie (création des papiers d’identité en 1888), ensuite peuvent venir des lois d’exclusion (expulsion) mais aussi d’intégration, les deux logiques étant présentes en régime républicain.

La quatrième partie : « L’exclusion d’en bas » aborde des types d’exclusion très spécifiques liés à des contextes particuliers. Ainsi celle concernant les aveugles et les sourds-muets, les gueules-cassées de 1914-1918, les métis dans les colonies, les travailleurs italiens en 1920, etc. Des différences physiques, ethniques, professionnelles qui s’opposent à l’inconscient collectif et conduisent à l’exclusion.

Enfin, la cinquième partie : « Discours, représentations, exclusions » traite de cas très particuliers, femmes criminelles, hommes ou femmes hystériques, lépreux...

Dans la conclusion, on revient à la question initiale : le concept d’exclusion au contenu si complexe peut-il s’employer en Histoire ? Pour les auteurs, il semble difficilement conciliable avec les exigences des sciences sociales et de l’Histoire.

Ce livre, très dense, gros travail de mémoire comme tout livre d’histoire, vient éclairer notre présent. Il nous rapproche de ce long cortège d’exclus de toutes sortes qui ont représenté sans doute un tiers de la population de ce XIXe siècle. Il apporte un éclairage très riche sur la notion d’exclusion et sur les mécanismes qui la produisent.

Jean-Jacques Boureau

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