Monique Moulière, Thierry Rivard, Alain Thalineau, Vivre avec le RMI : des deux côtés du guichet

Éd. Syros, Paris, Col. Alternatives sociales, 1999, 175 p.

Françoise Louis-Lucas

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Monique Moulière, Thierry Rivard, Alain Thalineau, Vivre avec le RMI : des deux côtés du guichet, Éd. Syros, Paris, Col. Alternatives sociales, 1999, 175 p.

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Françoise Louis-Lucas, « Monique Moulière, Thierry Rivard, Alain Thalineau, Vivre avec le RMI : des deux côtés du guichet », Revue Quart Monde [En ligne], 174 | 2000/2, mis en ligne le 01 novembre 2000, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/9518

Du fait de l'augmentation importante du nombre de chômeurs depuis la mise en place du revenu minimum d'insertion (RMI) en France, la question se pose de savoir si on doit maintenir cette allocation sous sa forme actuelle.

Au départ, pour obtenir des moyens d'existence, les personnes en difficulté devaient participer à l'élaboration d'un contrat d'insertion et donc, assumer une part de responsabilité pour retrouver du travail, renouer des liens sociaux, conserver leur dignité. Mais les professionnels ne peuvent plus assurer un retour à l'emploi, d'où un sentiment de frustration de part et d'autre.

Les agents des caisses d'allocations familiales doivent recevoir les demandeurs de RMI et on a modernisé le service public pour que les liens personnels s'établissent entre les interlocuteurs. Mais les agents sont partagés entre la recherche d'un rendement économique et la poursuite de la qualité du service, alors que les demandeurs deviennent de plus en plus agressifs, ce qui ne facilite pas leurs rapports : les agents se comportent en experts sans toujours se soucier des caractéristiques spécifiques de chaque individu tandis que les allocataires éprouvent un sentiment de honte de devoir recourir aux services sociaux.

Entre l'instruction du contrat d'insertion et l'aide à la personne, les travailleurs sociaux apportent aux demandeurs du RMI un soutien psychologique et cherchent à repérer dans leur histoire personnelle ce qui peut faire l'objet d'un contrat d'insertion : en effet, il doit y avoir adhésion véritable du bénéficiaire à un projet qui corresponde à son attente, avant que ce projet ne soit accepté par la commission locale d'insertion.

Dans une seconde partie, les auteurs analysent le sentiment d'échec qu'éprouvent ceux qui doi­vent avoir recours au RMI, car leur dignité est mise à mal; ils n'ont plus de place, en tant que citoyen à part entière, dans la société et ils ont la tentation d'être violents vis-à-vis des représentants de l'État ou des travailleurs sociaux.

A l'appui de ces affirmations, l'exemple précis de quelques allocataires dont les attitudes sont très différentes les unes des autres, suivant le contexte de leur vie quotidienne, permet de saisir leurs difficultés.

En conclusion, il est reconnu que grâce au RMI des gens très défavorisés peuvent vivre sans mendier, mais cela ne leur permet pas de retrouver la place qu'ils ont perdue au sein de la société.

Si on ne peut obtenir un revenu qui provienne d'un travail effectif, il faudrait que cette allocation du RMI corresponde à des connaissances, à un savoir-faire qui puisse être transmis dans une communauté productive : alors elle deviendrait un revenu de citoyenneté et les responsabilités seraient partagées entre les individus et la société.

Cet ouvrage, très intéressant, est le résultat de plusieurs années d'enquête et d'observation dans les caisses d'allocations familiales, auprès des travailleurs sociaux et d'allocataires de diverses régions de France.

Françoise Louis-Lucas

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