Terra dei Fuochi : la vérité reconnue

Armando Corsini

Translated by Jean Tonglet

p. 32-35

References

Bibliographical reference

Armando Corsini, « Terra dei Fuochi : la vérité reconnue », Revue Quart Monde, 275 | 2025/3, 32-35.

Electronic reference

Armando Corsini, « Terra dei Fuochi : la vérité reconnue », Revue Quart Monde [Online], 275 | 2025/3, Online since 01 March 2026, connection on 02 September 2025. URL : https://www.revue-quartmonde.org/11735

Parmi les inégalités traversant nos sociétés, les inégalités environnementales, face aux risques de pollution ou de contamination systématiques, sont moins identifiées et dénoncées. Elles progressent insidieusement et silencieusement, et n’apparaissent au grand jour qu’après des années, et après de longues périodes de déni. En Italie, dans la région de Naples, les habitants de la Terra dei Fuochi, – littéralement la terre des feux – se sont levés contre ce déni, en s’adressant à la Cour européenne des droits de l’homme.

Traduit de l’italien par Jean Tonglet.

Il y a un endroit en Italie où la terre brûle non pas à cause de la chaleur du soleil mais à cause des déchets qui brûlent depuis des décennies. Il s’agit de la Terra dei Fuochi, une vaste zone située entre les provinces de Naples et de Caserte, qui est devenue le symbole de l’une des plus graves catastrophes environnementales et sanitaires d’Europe. Un drame annoncé, dénoncé mais systématiquement ignoré. Un crime complexe qui a engendré la dévastation, la douleur et la mort. Le 30 janvier 2025, la Cour européenne des droits de l’homme a enfin donné la parole aux victimes, en reconnaissant la responsabilité de l’État italien pour son incapacité à protéger la vie de ses citoyens.

Les origines de la catastrophe

Le terme « Terra dei Fuochi » est apparu pour la première fois en 2003 dans un rapport de Legambiente, mais le phénomène a des racines beaucoup plus anciennes. Dès les années 1980, le crime organisé, en particulier la Camorra, a commencé à gérer illégalement le trafic de déchets ...

1 L’arrêt Cannavacciuolo and Others v. Italy du 30 janvier 2025 n’est disponible qu’en anglais : https://hudoc.echr.coe.int/fre?i=001-241395

2 Legambiente est une association environnementale apolitique italienne créée en 1980. Avec plus de 111 000 partisans et 2 000 cercles locaux

Armando Corsini

Armando Corsini, avocat spécialisé en droit des personnes et de la famille en Italie, a défendu l’affaire Cannavacciuolo + autres c. Italie devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui s’est terminée de manière victorieuse. Il croit profondément aux processus de sensibilisation et de prise de conscience liés à la justice sociale.

CC BY-NC-ND