A propos du numéro 260

Marie-Noëlle Hopital

Extraits du courrier de Marie-Noëlle Hopital

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt le n° 260 de la revue sur « l’écrémage des pauvres » ; mais hélas ! la guerre à la pauvreté – dans une optique disons social-démocrate - n’est plus à l’ordre du jour, aujourd’hui ce serait plutôt la guerre aux pauvres, avec un néocapitalisme décomplexé : accumulation de richesses sans limite pour une fraction d’oligarques (pas seulement russes ! plutôt américains, français, sans oublier les pays émergeants comme l’Inde ou la Chine), accroissement vertigineux des inégalités, mépris de classe affiché par Macron et les autres. La lutte des classes, elle existe et nous sommes victorieux, affirmait un milliardaire aux USA. Les gouvernements attisent les peurs (du pauvre, du malade, de l’étranger, de la différence en général…) pour imposer libéralisme économique et autoritarisme politique, contrôle social.

Ceci dit, le dossier démontre bien qu’on ne change rien d’en haut, il faut que les personnes concernées se sentent libres de modifier leur situation, prennent des initiatives ( le transporteur de Centrafrique) avec l’appui des associations et dans un cadre de proximité ( en France, la commune, à mon avis). Ce dossier pourrait être transposé à l’accompagnement du handicap, domaine qui m’est familier : les institutions parviennent à inclure des personnes légèrement handicapées, et c’est gratifiant. Mais ce qu’on appelle les « cas complexes » , dans l’autisme, peinent à trouver une place dans des foyers, plus les handicaps sont lourds et moins on se donne les moyens d’y répondre… il y a de l’écrémage, là aussi ! Les ESAT ont tendance à accueillir des jeunes qualifiés (jusqu’à bac +5 !) qui fourniront facilement un travail de qualité et progresseront vite, et les plus en difficulté n’y seront pas admis ou n’ y resteront pas. De même que les moins pauvres des pauvres profitent des dispositifs proposés, les moins handicapés et les plus performants des handicapés sont accompagnés dans des structures qui devraient accueillir aussi ceux qui ont des troubles du comportement sévères…

Marie-Noëlle Hopital

CC BY-NC-ND