Bernard Giraudeau, L'Autre

Chantal Ricard

Référence(s) :

Bernard Giraudeau, L'Autre, un film franco-italien, 1991.

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Chantal Ricard, « Bernard Giraudeau, L'Autre », Revue Quart Monde [En ligne], 141 | 1991/4, mis en ligne le 01 juin 1992, consulté le 26 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3676

Dans un village grec, un jeune homme apparaît à une fenêtre et sourit à un vieil homme sur la place. C’est alors qu’un tremblement de terre ensevelit le village. Les sauvetages s’organisent, puis sont abandonnés après quelques jours. Le jeune homme n’a pas été retrouvé.

Mais le vieil homme, Sim, est sûr ce celui qui avait symbolisé pour lui la vie, un instant, est vivant. Resté seul sur place, nuit et jour, il écoute. Il cherche à percevoir un signe de cette vie qui lui permettrait de convaincre les équipes de poursuivre leurs recherches, car seul, il ne peut rien faire. Et puis, il entend, il exulte de joie, les équipes reviennent, le sauvetage recommence.

A travers le symbolisme de ces péripéties, les spectateurs assistent à un véritable accouchement. Sim s’acharne, pour sortir le jeune homme, « l’Autre », des profondeurs où il est enfoui. Il se donne à cette tâche nuit et jour, jusqu’au bout, soutenant le moral des sauveteurs qui devant le coût, puis les difficultés et enfin le doute, menacent plusieurs fois d’abandonner.

Sim écoute aussi « l’Autre » qui a dit : « Je veux sortir. » Il conforte ses moments d’espoir, se bat contre le désespoir qui l’envahit parfois. Il lui raconte sa vie, lui demande son nom, le maintient en haleine jusqu’au dernier instant.

Au moment où « l’Autre » voit le jour - ce sera ton premier jour, lui disait-il - Sim se retire. A l’écart de la foule qui se presse alors, il vit dans une douleur intense les tous derniers instants. Il n’attend rien pour lui. Il ne le verra pas. Il lui suffit de le savoir vivant.

Chantal Ricard

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