Témoignage de Christian et Erika Debouck (Belgique)
« Nous voulons surtout que nos enfants sachent que nous nous sommes battus pour eux »
(M. et Mme Debouck n’ayant pas pu venir à la session, c’est Monique Couillard, qui lit le témoignage préparé avec eux)
« Depuis quatre ans, nous sommes membres du Mouvement ATD Quart Monde. Nous habitons Charleroi, une ancienne ville de mines, mais les mines, c’est fini depuis longtemps. C’est une ville où il faut plus d’actions qu’ailleurs parce qu’il y a plus de pauvreté qu’ailleurs. Nous nous rassemblons, le plus de monde possible, pour que les gens ouvrent les yeux et pour développer des actions.
Nous voulons témoigner aujourd’hui parce que nous espérons que les autres pourront faire la même chose que nous : lutter sans se décourager.
Nous avons vécu beaucoup d’injustices : la loi n’est pas juste.
Voilà ce qui s’est passé. Des gens ont raconté des mensonges sur nous. A cause de cela, un dossier a été ouvert au Tribunal de la Jeunesse et en février 1994, on nous a pris nos deux enfants, sans raison. La police est venue les chercher dans leur lit, un matin, et nous n’avons pas su où ils étaient pendant presque un mois.
Nous nous sommes tourmentés. Nous avons pleuré pour nos enfants. Nous ne savions plus manger. Quand nous sommes allés devant la Juge de la Jeunesse, nous avons appris qu’on voulait nous les enlever pour au moins deux ans et qu’ils avaient été placés chez une famille d’accueil, à l’autre bout du pays, sans même nous prévenir ou demander notre avis. Nous n’avions même pas le droit d’aller les voir. Nous avions peur que nos enfants croient que nous les avions abandonnés, que nous ne les aimions plus.
Laura et Cédric, qui étaient d’abord ensemble, ont été séparés : Laura a été changée de famille d’accueil par un assistant social, sans même en parler au Juge. Il n’avait pas le droit d’agir ainsi. Lorsque la Juge s'est rendu compte de ce qui se passait, au lieu de nous rende Laura, elle a régularisé la nouvelle situation.
Nous avons lutté pour que nous enfants reviennent à la maison. Leur place est dans leur famille natale, pas dans une famille d’accueil ou un home. Et en attendant, nous voulions que les enfants ne soient pas séparés.
Les enfants ont le droit de savoir que leurs parents ont lutté pour eux. Nous nous sommes battus pour nos enfants et nous avons gagné.
Nous avons fait appel de la décision du Juge. Nous n’avions rien à nous reprocher. Nos enfants avaient à boire et à manger, ils avaient leur lit, ils n’avaient jamais eu une claque.
Nous nous sommes battus pour nos droits, pour nos enfants. On disait sur nous des choses qui n’étaient pas vraies et la juge de la jeunesse refusait d’entendre que nous défendions nos droits.
Nous avons gagné petit à petit. D’abord, nous avons pu voir nos enfants dans les locaux d’une association poche, « Espace libre. »
En effet, la première juge a abandonné le dossier, et nous avons eu un nouveau juge. Avec lui il y avait moyen de s’expliquer. Et nous avons obtenu que l’assistant social qui disait des mensonges sur nous soit mis dehors par le juge et que nous n’ayons plus affaire à lui. Le juge avait compris qu’il racontait sur nous des histoires qui n’étaient pas vraies. Le juge nous a dit que, s’il revenait, nous avions le droit de ne plus lui ouvrir la porte.
Nous avions peur que nos enfants soient adoptés par leur famille d’accueil. Notre fille nous a appris qu’elle avait été frappée. Nous nous sommes très fâchés à ce sujet. Nous l’avons dit à notre avocat et ensemble nous l’avons dit au juge. Nous avons obtenu que nos enfants soient mis dans des homes, puis réunis dans une maison beaucoup moins loin de chez nous, où nous pouvions leur rendre visite.
Ensuite nos enfants sont revenus à la maison d’abord pour quelques heures, puis pour des week-ends. Et aujourd’hui, après un an et demi, nos enfants sont à nouveau avec nous.
Nous avons gagné parce que nous avons été aidés.
Notre avocat ne nous a jamais laissé tomber. C’est grâce à lui que nous avons pu savoir pour la première fois où nos enfants se trouvaient. Il a été les chercher plusieurs fois, à 150 kilomètres de la maison, pour que nous puissions les voir. Des personnes d’ATD Quart Monde nous ont soutenus. C’est important pour ne pas perdre courage. Un ami aussi nous a aidés pour les trajets. Grâce à lui, nous pouvions aller voir nos enfants au home. Et il y a eu l’association « Espace Libre » chez qui nous avons pu téléphoner aux enfants puis les revoir.
Mais notre combat n’est pas terminé. Le combat pour les enfants, ce n’est jamais fini. Nous nous battons pour que nos enfants aient un avenir.
Nos enfants sont à la maison, mais toujours sous surveillance. Des éducateurs viennent chez nous. Nos enfants sont heureux près de nous, mais ils n’ont pas oublié. Ils sont plus difficiles, plus agressifs depuis qu’ils ont été placés. Nous savons qu’ils ont peur de retourner au home : tous les jours, ils demandent encore s’il vont y retourner.
Nous continuons à lutter pour que ça marche à l’école. Notre grande fille va bientôt avoir 7 ans. Elle est capable. Mais comme elle a été placée, elle n’a pas fait le 3ème gardienne. Alors il faut du temps, il faut prendre patience. Maintenant elle est bien partie. Et sur son carnet l’institutrice a marqué : « Allez, Laura courage ! ».
Alors voilà ce que nous voudrions dire maintenant à la fin de notre témoignage. Nous avons vécu beaucoup de misère à cause des mensonges, et la Justice croyait les mensonges. Avec le nouveau juge, la Justice n’a plus cru les mensonges. Et les gens ont vu que nous n’étions pas des rien-du-tout. C'est ça qui fait la différence ».
Témoignage de Philippe Ranwez, avocat de M. et Mme Debouck
« Ce que M. et Mme Debouck ne pouvaient pas comprendre, ce sont les lenteurs de la procédure, les changements d’intervenants, avec la nouvelle loi concernant la mise en place du Service d’Aide à l& Jeunesse en Belgique. En effet, certaines situations sont écartées du tribunal de la jeunesse pour être traitées par des fonctionnaires.
Quand ce service intervient dans des situations très délicates, qu’il explique aux parents que les dossiers arrivant en une fois du Tribunal de la jeunesse, il faut le temps d’en prendre connaissance, que dans trois mois peut-être on verra leur dossier, ces parents confiants au départ et croyant obtenir un droit de visite, éclatent de colère.
Cette navette entre le Tribunal et le Service d’Aide à la Jeunesse, comme toute procédure judiciaire, est incompréhensible pour ces parents à qui ont a retiré les enfants.
La manière n’était pas illégale, mais elle était inadéquate. Retirer les enfants sans consulter les parents peut être compris dans l’urgence. Dans le cas présent, c’était intolérable. Ce dossier est arrivé au Tribunal de la Jeunesse à cause d’un conflit de personnes entre les intervenants sociaux et la famille. La situation de danger était en fait déduite de la rupture de contacts avec les intervenants, qui empêchait la surveillance de la famille.
L’avocat doit alors guider les parents dans le dédale des procédures, et leur faire comprendre qu’il y a certaines choses qu’ils devront forcément respecter. Il doit être un élément de modération, sinon la famille n’arrivera à rien. Les propos que tiendra la famille pour se justifier ne la serviront pas forcément parce qu’elle n’en saisira pas la portée dans le contexte présent. Car les parents ne voient que ce qui est essentiel pour eux : que leurs enfants, qui sont le sens de leur vie, devraient être avec eux et ne le sont pas.
L’avocat et la famille ont ainsi tout un cheminement à faire ensemble, pour apprendre à parler devant la justice, à se faire comprendre. Avec M. et Mme Debouck, ce cheminement qui a duré de février 94 à septembre 95 a été très dur, mais il a conduit à la situation actuelle, où les enfants sont revenus chez eux, même si la famille est encore très surveillée. »
Témoignage de Maurice et Janine Prévot (France)
« Nous savons que ça peut servir à d’autres, c’est pour ça que nous avons quand même tenté d’obtenir justice »
(La famille étant absente, leur témoignage est lu par Brigitte Bureau)
(M. et Mme Prévot ont engagé cette action avec le Mouvement ATD Quart Monde parce qu’ils ont été expulsés fin octobre 1994, avec cinq enfants, sans être relogés. Au moment de l’hiver, ils ont connu deux mois d’errance.
Leur jugement d’expulsion datait déjà de deux ans. Pendant ces deux années là, M. et Mme Prévot et les services sociaux avaient tenté de nombreuses démarches. La famille avait fait beaucoup d’efforts pour répondre à ce qui lui était reproché. Malgré cela, elle a été expulsée indignement, sans respect des procédures prévues par la Loi Besson. De plus, début décembre 94, un logement social disponible leur a été refusé.
La famille et le Mouvement viennent donc d’engager ensemble une double action devant les tribunaux : d’une part contre la société de logements HLM qui les a expulsés le 31 octobre 1994, et d’autre part contre la société de logements HLM qui, début décembre 94, a refusé de louer un logement disponible à la famille toujours sans toit)
« Nous voulons nous battre jusque devant les tribunaux suite à l’expulsion que nous avons subie il y a un peu plus an.
Au début, nous avons hésité à le faire. La plupart des gens comme nous ont peur. Ils manquent de confiance pour oser se battre. Et nous aussi nous avions peur des conséquences. C’est quand même l’OPHLM que nous avions devant nous. Nous avons parlé avec des amis d’ATD. Ce qui nous a décidé, c’est que nous n’étions pas seuls. Il y a des amis qui ont toujours été là et qui sont derrière nous. Ce qui nous a décidé aussi, c’est le mal que ça nous a fait. Si nous ne faisons rien, ça nous restera toujours sur le cœur. Et puis nous avons deux avocats avec nous et nous savons que ça peut servir à d’autres. C’est pour ça que nous avons quand même tenté d’obtenir justice.
D’abord, nous voudrions témoigner de ce que représente une expulsion, pour une famille.
Au départ, c’est une surprise. On n’y croit pas. Nous expulser la veille d’un week-end, la veille du 1er novembre !
Le 31 octobre, j’ai été convoqué au commissariat, soi-disant pour régler l’expulsion. En fait c’était pour nous expulser sans que je sois là : pendant ce temps là, ils mettaient ma femme et mes enfants dehors.
Ils vous donnent une heure. Ce qu’ils n’ont pas le temps de démonter, ils le cassent. Ils cassent tout. Nous avons tout juste eu le temps de récupérer des bricoles. Les gamins ont perdu toutes leurs affaires. Ils ont embarqué tous les papiers. Même des draps et des couvertures, que nous avions mis dans le coffre d’un ami, nous ont été volés.
A l’hôtel, nous avons aussi perdu des affaires.
Après l’expulsion, nous étions à bout, à zéro. Ma femme a été hospitalisée. Elle a signé sa sortie. Nous n’avions plus rien. Nous ne mangions plus. Nous ne comprenons même pas comment les enfants n’ont pas été malades.
Mais nous n’avons jamais voulu que les enfants soient séparés de nous. Nous leur avions bien dit de n’aller avec personne à la sortie de l’école. Nous avions averti la directrice. Mon beau-frère a proposé de prendre juste la petite, nous n’avons pas voulu si ce n’était pas toute la famille. Et si nous avons refusé les deux centres d’hébergement que l’assistante sociale nous proposait, c’est pour les enfants aussi. Dans un vieil hôpital, ils n’auraient pas tenu.
Un an après l’expulsion, nous en subissons toujours les conséquences. La pensée est toujours là. Ici où nous habitons maintenant, nous sommes hébergés. D’un côté, pour un hébergement, c’est bien. Les responsables du centre nous aident. Mais c’est du provisoire. Et l’environnement n’est pas bon.
Souvent nous nous posons des questions. Il va falloir tout recommencer Pour un jeune couple, c’est facile de démarrer à zéro. Mais nous, une famille avec cinq enfants ! Nous devons tout racheter. Nous commençons petit à petit, mais ce n’est pas évident. Les gens comme nous ne peuvent pas avoir de crédit. Quand on est hébergé, on est comme les SDF. En plus, pour avoir un crédit il faut avoir des fiches de salaires. Mais nous y arriverons petit à petit. Nous allons recommencer.
Ici, on s’entraide. Entre gens comme nous, si on ne s’aide pas, personne ne nous aidera. Les gens qui arrivent dans le centre, ils sont comme nous. Ils sont aussi enfermés à cause de ce qu’ils ont vécu. Ils ne veulent pas en parler. Pourtant ce n’est pas une honte d’être expulsé, c’est plutôt un malheur. Il faudrait que les autres comprennent, essaient de se mettre à leur place.
Il faudrait que les gens qui sont expulsés puissent parler, il faudrait faire des émissions à la télévision pour qu’on comprenne que ceux qui sont expulsés, ce n’est pas toujours entièrement de leur faute. On a des dettes de loyer, mais il faut voir les revenus qui rentrent. Nous avons été expulsés pour nuisance. Mais dans l’immeuble il n’y avait pas d’insonorisation. Et les enfants, on ne peut pas les enchaîner.
Notre action en justice, nous espérons qu’elle permettra de faire appliquer la loi. La loi Besson, elle existe, pourquoi on ne l’applique pas ?
Quand je faisais des tournées, je voyais des gens dormir sous des cartons. Ici, il y a une famille de 8 enfants : ça fait 7 ans qu’elle attend un logement. Il n’y a pas longtemps, il y avait un autre monsieur, à Cormeilles, qui vivait dans une cabane. Ce n’est pas normal. Les lois sont mal faites.
On dit que le maire peut réquisitionner des logements. Mais il doit demander l’autorisation au préfet. Et si le préfet vient de vous faire expulser, il ne va pas vous donner un pavillon !
Nous, on nous a refusé trois fois l’AFIL, une aide pour régulariser les loyers. Quand il y a eu ces refus, nous n’avons jamais su pourquoi. Maintenant, pour le tribunal, nous avons demandé les papiers de ces refus et on nous les a donnés. Le premier refus, c’était parce que l’expulsion était due à des nuisances. Le deuxième, c’était parce qu’il y avait un manque d’information du bailleur : normalement, des dettes du loyer avaient été payées par la CAF, et pourtant la dette était toujours la même. Il y a des choses pas normales.
Il faut dire non aux expulsions, ou alors être relogé ailleurs.
Si on vous frappe d’un côté, il ne faut pas tendre l’autre joue, il faut réagir, mais pas par la violence. Il faut se tourner vers la loi, et si la loi est mal faite, il faut se mettre à plusieurs pour la faire changer.
Nous espérons que ce que nous avons fait servira finalement à d’autres. Nous espérons aussi que cela montrera à d’autres que c’est possible de faire pareil, parce que nous savons bien que ça n’aboutira à quelque chose de valable que si on est 50 à le faire, pas si on est 2 ou 3 ! ».
Témoignage de Terry et Carol Friend (Grande Bretagne)
« Nous n’abandonnerons jamais ! »
(Le témoignage est lu par Jean-Luc Penet)
(Monsieur Friend n’a pas pu venir aujourd’hui parce qu’il vient de trouver un travail, au noir, de nuit, pour pouvoir gagner un peu d’argent de poche et offrir des cadeaux à ses enfants à Noël – 4 enfants qui sont placés depuis deux ans).
“Mon nom est Terry. Je vis avec ma femme dans le Kent, juste à l’extérieur de Londres.
Je voudrais partager avec vous ce qu’on nous a fait subir et ce que nous avons encore à subir aujourd’hui. Je vais vous parler de notre expérience, mais nous savons que cette situation est vécue chez beaucoup d’autres familles en Grande Bretagne. Et je veux, avant de témoigner de notre expérience, nommer Sian et Paul, dont le bébé a été pris à la naissance, il y a plusieurs mois déjà. Ils habitent un petit village dans le nord du Pays de Galles. Avec d’autres familles nous leur avons écrit pour qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls et leur offrir notre solidarité
Je témoigne qu’il y a un peu plus de deux ans, la police est arrivée chez nous, en pleine nuit, et nous a pris nos quatre enfants. L’aîné avait 11 ans et le dernier 4 ans. C’est comme si on venait de nous assommer. Nous ne pouvions pas croire qu’ils pouvaient venir comme ça, sans nous prévenir, et prendre nos enfants sans nous sonner d’explication. Et personne n’est venu nous voir. Nous sommes restés seuls, nous nous sommes sentis complètement abandonnés de tous. Cela a été une expérience inimaginable. C’était comme si on nous enlevait la vie.
Nous n’avons jamais « négligé » nos enfants comme nous en accusaient les services sociaux. Chaque jour nous faisions tout ce qu’il fallait pour eux. Et si je travaillais de nuit c’était parce que je voulais procurer une vie meilleure à mes enfants.
Avec la Justice, ça a été terrible. La Justice ne se souciait pas de nous. Ils sont venus prendre des photos de notre maison. Mais tout était retourné contre nous. La Justice n’était que d’un coté et n’écoutait pas du tout ce que nous avions à dire. Même notre avocat ne voulait plus nous défendre. Nous sentions que nous étions trahis même pas nos voisins.
Nous avons demandé aux services sociaux l’aide d’une consultation psychologique après qu’on nous ait pris nos enfants. Ils ont dit qu’ils allaient faire le nécessaire pour nous et jamais rien n’est arrivé. Ils nous ont simplement oubliés.
Nous avons eu alors le soutien de l’église orthodoxe et d’une association qui nous a mis en lien avec ATD Quart Monde. Sans tous ces soutiens, jamais nous n’aurions été capables de passer au Tribunal.
Aujourd’hui notre famille est complètement disloquée. Nous ne pouvons voir nos enfants qu’une fois par mois en n’étant averti par les services sociaux de la date de la visite que deux jours avant – ce qui n’est pas assez. Jamais nous n’avons la permission d’avoir les enfants à la maison, ne serait-ce que quelques heures, par exemple pour leur offrir un gâteau d’anniversaire. C’est comme s'ils voulaient les couper de leur famille pour de bon.
Si quelque chose arrive à l’un de nos enfants, on ne nous dit rien. Nous ne sommes jamais informés de leurs progrès à l’école par exemple, et comment ça se passe. Maintenant que nos enfants nous ont été enlevés, les services sociaux ne nous considèrent plus comme les parents.
Nous sommes leurs parents et nous demandons d’être informés de ce qui arrive à nos enfants. Par exemple, nous venons de voir notre aînée : elle avait la jambe enroulée d’une bande. Elle nous a expliqué ce qui était arrivé, mais on ne nous avait rien dit avant. Nous apprenons par nos enfants seulement quand on les voit, ce n’est pas juste.
Notre avocat ne s’intéresse pas vraiment à nous. Il s’est résigné beaucoup trop tôt et a dit que ça ne sert à rien de se battre.
Parce que nous savons que nos enfants veulent revenir à la maison, nous n’abandonnerons jamais. C’est pourquoi nous prenons maintenant d’autres moyens. Avec un groupe de l’église orthodoxe, un avocat et des travailleurs sociaux, nous avons établi un nouveau plan d’action, il y a dix jours. Avec le soutien de ce groupe et d'ATD Quart Monde, nous avons fait le nécessaire pour demander d’accéder à notre dossier et de le consulter – car c’est un droit. Nous voulons vraiment savoir ce qui a été dit et écrit. Nous avons prévu alors un certain nombre de démarches, de rencontres, de recours y compris auprès de l’Ombudsman. Et si à la fin de tous les recours possibles, il faut aller devant la Cour européenne des Droits de l’homme à Strasbourg, nous irons. »