Ça fait plus de dix ans que nous faisons des week-ends Tapori1, et qu’après chaque week-end, nous écrivons ce qui s’est passé, ce que nous avons vu des richesses mais aussi des difficultés des enfants. Je savais que nous avions des trésors dans ces bilans et j’avais envie de les valoriser. Un jour, je me suis lancée, j’ai repris ces textes, je les ai relus, je les ai triés. Peu après, j’ai rejoint le groupe Écriture que nous avons ici et qui regroupe des militants, des alliés et des volontaires qui ont des rêves d’écriture. A la fin d’une rencontre, une participante m’a glissé à l’oreille : « Véronique, pourquoi tu n’écrirais pas un mini livre Tapori ? 2 ». Et voilà, la petite graine était semée, elle a germé et elle est en train de grandir.
Dans les évaluations des week-ends Tapori, nous avions beaucoup de choses sur une enfant pleine de courage, Laetitia, toujours présente aux rencontres Tapori, même s’il lui a fallu du temps pour gagner des amitiés.
Les responsables de Tapori international m’ont aidée à écrire une histoire pour enfant. Puis un jour, il a été temps que j’aille rencontrer Laetitia d’abord, puis Laetitia et sa maman, pour leur parler de ce projet.
Laetitia n’est plus une enfant, elle a vingt ans ; elle m’a accueillie là où elle habite maintenant. On s’était régulièrement croisées à ATD Quart Monde et on s’est tout de suite retrouvées. Elle m’a regardée fixement pendant la lecture ; elle a ri au passage sur le théâtre. Et elle m’a dit que tout lui allait, que c’était « tout elle ». Elle était reconnaissante qu’on lise, dans cette histoire, que sa vie n’avait pas été facile lorsqu’elle était enfant. Elle voulait qu’on précise absolument que c’est une histoire vraie.
L’étape suivante a regroupé Laetitia et sa maman. Cette maman a trouvé que c’était un texte qui raconte bien l’histoire de sa fille, qui montre ses qualités mais aussi les difficultés de sa vie. Ça a été un moment fort, pendant lequel la maman et la fille ont aussi pu se parler de leur passé. A la fin de notre rencontre, l’illustratrice est venue nous montrer les dessins qu’elle avait réalisés pour le mini livre. Elle a esquissé, dessiné des pages et des pages de croquis. C’était magique que de découvrir ces images.
Ce mini livre est paru dans la lettre Tapori3 du mois de juin. Il dit la capacité des enfants à se rencontrer, même s’ils ont des vécus très différents. Les rires et les larmes de Laetitia nous invitent aussi à suivre le chemin tracé par les enfants, qui savent qu’il n’est pas toujours facile de créer l’amitié, que cela demande des efforts, mais que cela est possible.