« J’avais trois ou quatre ans, je ne vivais pas tellement souvent avec mes parents. J’étais souvent chez des voisins âgés qui les avaient très bien reçus à leur arrivée dans une ferme voisine. La femme me gardait pour que ma mère ait moins de travail à la maison et surtout soit plus disponible pour le travail de la terre.
Mais en fait ces braves gens s’étaient mis dans la tête de me garder le plus possible. Hélas…
Un soir, je vais voir mes parents qui habitaient à 200 mètres… Il n’y avait que ma mère qui me dit : « Va voir papa qui travaille dans la terre près de la route », à 500 mètres environ. Je rejoignis mon père, c’était presque nuit.
Mon père arrête le travail, dételle sa jument … puis il me prend dans ses bras, me hisse sur la jument et en l’espace de quelques secondes, un fragment d’éternité, j’ai ressenti le bonheur absolu.
Mon père me redescend et me dit : « Va vite à la maison, il va faire nuit ».
Le bonheur absolu ne dure pas longtemps, car en m’éloignant de mon père pour rejoindre ces braves gens âgés, tout au long de ce chemin herbeux de 200 mètres, la tristesse m’avait envahi. Le bonheur demeure dans le souvenir plus tard ; mais il faut oublier… ».