Ni nan ko né kana wâ bakô Ni fa ko né kana wâ bakô
Hami ni tingalon lébé néla dimi ni hami lébé néla
Dimi ni niango ya lébé né la Ni nan ko né kana wâa
Ma décision est prise je dois partir…
Cette résolution est la seule solution à notre situation
Même la maladie de ma mère ne pourrait m’arrêter
Ce n’est pas non plus la légende mortifère de cette Medi-terra-née
Dévoreuse d’âmes dans ces abysses qui freinerait mes ardeurs
Je sais que j’ai rendez-vous avec mon destin festin des requins des vastes fonds marins
Mais je dois partir vivre ou mourir on ne vit qu’une fois on ne meurt qu’une fois
Au premier chant du coq jetant un dernier regard sur ma mère alitée
Jetant un dernier regard sur cette terre ma natale,
En cette matinale pour ma finale, je m’engage avec rage pour l’ultime voyage sans bagage
Traversant terre mer à la recherche du bonheur
Abandonnant père mère fils et fille
Abandonnant toute mon enfance tous mes souvenirs
Je pars à l’aventure sans monture ni armure sans chaussures ni fourrure
Fuyant l’horreur de la guerre, la fureur des dictateurs sanguinaires
Fuyant la pauvreté et l’oisiveté
Surpris pourchassés par les gardes côtes
Franchissant la barrière de fer sans lumière
Nous embarquons dans une embarcation de fortune sans tune
Les passeurs sans cœur nous jettent en enfer
Dans les flots impétueux d’une mer agitée, révoltée
D’une déferlante débordante
Notre navire pneumatique tire vire chavire
Le rêve s’est transformé en cauchemar j’en ai marre
L’aventure s’arrête à la devanture de Lampedusa
Pour tout ça, c’est fou ça, c’est quoi ça ! Je crois pas, je ploie pas
Des cris des pleurs transpercent l’atmosphère
Des corps et des morts flottent à la surface de la Méditerranée
La route de l’immigration devenue extermination
Homicide génocide hécatombe au su et au vu de tous
Dites à ma mère que tout le monde est coupable
Malgré l’ampleur de la tragédie il n’y a pas de condamné
Mais où sont les politiciens politi-chiens qui aboient pour des futilités ?
Eternels absents aux rendez-vous de l’humanité et de la solidarité envers les opprimés
Ils seront tous jugés au tribunal de la conscience
Je suis emporté par la vague amère de ce tombeau ouvert
Ce n’est pas de la blague ni de la rigolade je suis au cœur de la tornade
Je ne sais pas nager ramer couper décaler
Je suis un naufragé fatigué à la dérive qui ne verra jamais la nouvelle terre-promise – Europe -
Dites à ma mère que la mer m’emporte dans ses bras
Dites à mon père que la mer m’emporte dans ses bras
Dites à ma mère qu’elle n’aura plus de bras valides pour soulever ses valises
Dites à mon père-sage pour le partage de son héritage il n’aura plus d’héritier
Dites à ma mère que je ne peux honorer ma dernière parole
L’accompagner à sa dernière demeure avant de m’en aller
Dites à ma mère qu’on se reverra au paradis
Ce n’est pas un adieu c’est un au revoir
Par un dernier effort mon corps fait fort oh ! Secours !
Grâce à un Sauveteur Redresseur de tort au Port de Tanger
Je suis hors de danger