Ce petit livre qui mérite - ô combien - d’être lu n’est cependant pas facile à lire.
Il est présenté sous la forme d’une prière au Seigneur, la prière d’une famille paysanne suédoise vivant dans une extrême pauvreté, au ras du sol, presque au niveau des bêtes. Les revenus du travail suffisant à peine à l’alimentation et à quelques plaisirs de musique. Chaque année, pour effacer de son grand livre d’usurier les dettes qui s’y inscrivent, le propriétaire des lieux vient demander sur place, d’abord à la mère tant qu’elle est jeune, puis plus tard à la fille aînée de quinze ans, un paiement en nature. A chaque fois, c’est un enfant nouveau, ce qui conduit à des situations intolérables. A part quelques années où l’amour et la musique apportent quelque répit à cette famille, les malheurs se succèdent, mais néanmoins les acteurs ne perdent jamais courage : avec ténacité ils affrontent la misère qui les écrase à nouveau.
Il n’y aurait pas d’issue à cette lutte si - est-ce bonheur ? est-ce malheur ? – un glissement de terrain ne faisait disparaître, en une nuit de la saint Jean, date d’un terme de paiement, tous les acteurs sauf le narrateur…
Ce petit livre écrit à coups de hache, dans une langue superbe, s’inspirant des Ecritures, est bien un chef-d’œuvre !