Nous réveiller devant la misère des autres

Communauté urbaine d’arrondissement de Douala V

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Communauté urbaine d’arrondissement de Douala V, « Nous réveiller devant la misère des autres », Revue Quart Monde [En ligne], 193 | 2005/1, mis en ligne le , consulté le 12 décembre 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/905

Du 1er au 3 avril dernier, à Rome, se tenait le IVème Forum de l'Alliance mondiale des villes contre la pauvreté, un forum de représentants des collectivités locales mis en place et animé par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Parmi les documents mis à disposition des participants, celui de cette communauté urbaine de Douala, au Cameroun, a retenu notre attention. Loin des statistiques, des indices de développement ou de pauvreté humaine, il offre un langage peu habituel dans ce genre d’enceinte. Nous pensons qu’il mérite d’être porté à la connaissance de nos lecteurs. Il prolonge, à sa façon, la réflexion entamée dans notre précédent numéro : “ Reconsidérer la pauvreté ? ”.

Index géographique

Cameroun

La Communauté urbaine d’arrondissement de Douala V regorge en son sein de près d’un million d’habitants. Elle est semi-urbaine et semi-rurale. Comme tout arrondissement naissant elle est confrontée à beaucoup de problèmes sociaux. Nous sommes venus ici au nom de notre commune et de notre pays, le Cameroun, réveiller la conscience des pays les plus riches afin qu’ils jettent un regard aimant sur les pays les plus pauvres ou en voie de développement.

Le plus grand malheur qui puisse nous arriver c’est de n’être utile à personne. Les richesses du monde appartiennent à tout le monde. Voilà la vérité que nous devrons savoir imposer.

Nous sommes sûrs que la charité, un jour, aura raison sur la violence et sur l’égoïsme.

Nous sommes sûrs que le moment est venu où on n’aura plus à éveiller les consciences. Où chaque être écoutera avec attention la voix de sa conscience. Nous sommes sûrs que le moment est venu où il n’y aura plus d’enfants sans amour, de vieillards sans foyer, de malades sans soins. Nous sommes sûrs dans notre commune que le moment est venu où tous les êtres qui vivent auront le droit de vivre.

La pauvreté est la source de tous les fléaux : l’émigration clandestine, la violence, les conflits de toute nature, l’insécurité, la dépréciation des mœurs, etc. Nous ne serons à l’abri de tous ces fléaux qu’après avoir mis la pauvreté sous nos pieds. Dans notre combat contre la pauvreté, nous ne pouvons aider tout le monde mais nous pouvons diminuer la misère de nos semblables.

Le mal du siècle c’est l’argent. Ce dernier est devenu un fétiche de l’amour. On ne s’adonne qu’à l’argent comme si ce dernier était la seule raison de vivre. Nous ne disons pas que l’argent est mauvais en soi. L’argent est un facteur de vie mais nous ne devrions pas en être esclaves. Nous devrions savoir partager. Nous n’aurons la paix et la sécurité qu’en songeant au bonheur des autres. Dans notre commune, et malgré nos problèmes quotidiens, nous luttons tous les jours afin que renaisse l’amour. Nous devrions apprendre à vivre pour les autres sinon, notre vie ne servirait à rien. Ce qui est en trop appartient aux autres, ceux-là même qui vivent en dessous du seuil de la dignité humaine. Nous devrions nous réveiller devant la misère des autres au risque d’être aussi misérables. Nous devrions accorder aux pauvres une part dans notre vie. Les hommes les plus riches, les Etats les plus prospères sont ceux qui sont capables de beaucoup d’amour.

La force de l’univers

Notre continent est en partie déchiré. Notre continent souffre d’une pauvreté profonde. Cette pauvreté qui crée des enfants abandonnés, des vieillards aux regards évasifs. Nous devrions aider ces enfants à oublier un instant leur solitude, leur souffrance. Nous devrions leur apprendre à sourire. A ces vieillards, nous devrions apporter la joie afin que de leurs yeux ne coulent plus des larmes amères.

Dans notre jeune commune, nous avons besoin de l’essentiel pour assurer la survie de notre population. Nos jeunes ont besoin de formation professionnelle, nos centres de soins ont besoin de lits et de médicaments, nos centres sociaux ont besoin de matériel de formation. Nos quartiers ont besoin de points d’eau potable ; nos populations ont besoin d’un environnement sain ; notre commune a besoin d’engins de travaux publics pour assurer au quotidien un niveau acceptable en infrastructure routière.

Dans notre commune beaucoup de familles vivent en dessous de la dignité humaine. Pourquoi elles ? Pourquoi pas votre famille ? Pourquoi votre famille est-elle nourrie et protégée ? Le seul moyen d’assurer son bonheur et celui de sa famille, c’est de songer à celui des autres car personne n’a le droit d’être heureux tout seul.

Tant qu’il y aura autour de nous un innocent qui a faim, qui ne va pas en classe, qui ne peut se soigner, qui ne peut se nourrir, nous n’aurons pas le droit au repos. Le secret de l’amour c’est aider à vivre mais donner sans aimer est une offense. La charité, pas l’aumône, cette aumône qui offense celui qui la reçoit et déshonore celui qui la donne.

La lutte contre la pauvreté est ardue mais nous avons au cœur une grande force de caractère car nous sommes sûrs d’être sur le bon chemin. Le cœur est la grande force de l’univers. Que l’esprit d’amour vous contamine afin que la pauvreté, source de tous les conflits, régresse à jamais.

CC BY-NC-ND