Eugen Brand et Michel Sauquet. La dignité pour boussole

Éd. de l’Atelier / Éd. Quart Monde, 2020

Daniel Fayard

p. 61-62

Référence(s) :

Eugen Brand. La dignité pour boussole. Un engagement avec ATD Quart Monde. Entretiens avec Michel Sauquet. Éd. de l’Atelier / Éd. Quart Monde, 2020, 390 pages

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Daniel Fayard, « Eugen Brand et Michel Sauquet. La dignité pour boussole », Revue Quart Monde, 255 | 2020/3, 61-62.

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Daniel Fayard, « Eugen Brand et Michel Sauquet. La dignité pour boussole », Revue Quart Monde [En ligne], 255 | 2020/3, mis en ligne le 01 septembre 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10043

Perdre son fondateur a de quoi désorienter une association. Dans le cas d’ATD Quart Monde, beaucoup l’ont craint en 1988.

Car le père Joseph Wresinski incarnait une vision d’autant plus prospective et une stratégie d’autant plus innovante qu’elles étaient nourries par la mémoire vivante et vivace des souffrances endurées par son peuple.

Mais il laissa à ses héritiers une boussole simple, précise, pertinente au terme de son dernier message : « Que le souci de la libération des plus pauvres vous habite en permanence…, en permanence ! »

Et voilà que 32 ans plus tard, l’un d’eux, rendant compte de son cheminement personnel au sein de ce Mouvement à travers les missions reçues et les responsabilités exercées, jusqu’à celle de délégué général (1999-2012), témoigne à sa façon de la continuité de cette permanence, de cette hospitalité, de cette boussole.

Beaucoup de propos émanant de personnes rencontrées tout au long de ses 48 ans d’engagement sont ici rapportés, comme autant de messages qui l’ont inspiré et qu’il nous partage. « Par leur savoir et leur sagesse […] ces femmes et hommes si nombreux et dont l’infatigable courage trace ce livre, ne sont-ils pas de la dignité la boussole ? »

C’est sur l’évidence de ce point d’interrogation que s’achève ce récit d’Eugen Brand.

Une histoire de vie bien sûr, avec toute sa dimension familiale, depuis son Oberland natal jusqu’aux marches de l’ONU, à travers des étapes formatrices à Créteil, New-York, Bâle, au Pérou et en Bolivie où il a appris à vivre, à penser et à agir en Mouvement.

Une aventure collective quand il lui a fallu assumer le fait d’être préposé au service de la bonne marche du Mouvement, avec le soutien certes de quelques autres, mais porteur d’une autorité particulière, légitimée par la confiance d’un grand nombre.

Une responsabilité assez unique qu’il a voulu soumettre ensuite à une évaluation communautaire, afin d’en tirer peut-être des leçons pour l’avenir.

Il est beaucoup question dans cet ouvrage de « discernement » et de « gouvernance », avec l’illustration de dilemmes, de crises, de blocages ou d’avancées significatives tant dans le mode de fonctionnement interne du Mouvement que dans la reconnaissance et la réception de son message. Il ne livre pas vraiment des « règles formelles » de discernement ni à proprement parler un « traité » de bonne gouvernance.

Il s’apparente davantage à un retour d’expérience, laissant au lecteur le soin de s’approprier telles ou telles pratiques, de faire siennes telles ou telles réflexions, et aux membres du Mouvement d’intégrer cette étape contemporaine de sa construction.

Daniel Fayard

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