À Bogota3, un foyer d’adolescentes, ayant subi des violences à la rue ou en famille. Elles cheminent, à travers un atelier de cinéma, pour sortir de la tristesse, de la peur, du découragement.

Face caméra, sur fond de casiers colorés, on leur a proposé de s’inventer une amie imaginaire, Alis : que ressent-elle ? À quoi rêve‑t‑elle ?

Se prêtant au jeu, chacune répond, parfois par le silence. Petit à petit, elles se confient avec franchise, dignité et sensibilité.

On devine des sévices, des enfants naturels, du travail précoce, la mort d’un parent, la drogue pour s’évader, la prostitution pour une vie matérielle meilleure, la tentation du suicide parfois. Ici c’est un monde nouveau, protégé : des peluches, des dortoirs comme des nids, la toilette, la gymnastique.

Puis une séquence forte comme une catharsis : chacune dialogue avec Alis dans un miroir : « Je vois la vie, comme une ennemie ». Le spectateur se sent presque voyeur. Pourtant, au-delà de l’émotion, une capacité de résilience fait surface, presque intacte chez la plupart. Elles ont de grands rêves : devenir footballeuse, présidente de la Colombie, archéologue, rentrer à la maison.

Finalement :

— « Alis existe-t-elle ? »
— « Oui ! Elle s’est enfuie dans un monde plus libre, sans préjugés ».