Suis-je encore en mesure de me poser cette question : « À quel moment de ma vie ai-je découvert la misère ? »
Spontanément, me revient le visage de cet homme qui, très régulièrement, et toujours à la même heure - à midi !- sonnait deux coups, pas plus, ni moins, à la porte de notre maison à Bruxelles.
Dès la porte ouverte, il montait les trois marches d’entrée… et s’avançait dans le premier couloir, pas plus loin…, pour y recevoir son « bol de potage », bien chaud !
Je devais avoir dix ans, mon frère huit, quand nous l’avons connu, me semble-t-il. Bien vite, j’ai saisi son extrême solitude. Elle se lisait dans ses yeux !
Est-ce en devinant qu’il reviendrait, que nos parents nous l’ont confié ? – À « nous », c’est-à-dire : à mon plus jeune frère et à moi « afin qu’il ne se sente jamais seul » –. Cet accueil, à chacun de ses passages chez nous, devrait lui faire du bien.
Des consignes nous avaient été données par nos parents :
— « Quand il arrive, vous commencerez toujours par lui dire : ...
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