S’ancrer auprès des familles les plus pauvres

Gabrielle Erpicum

p. 57-60

References

Bibliographical reference

Gabrielle Erpicum, « S’ancrer auprès des familles les plus pauvres  », Revue Quart Monde, 265 | 2023/1, 57-60.

Electronic reference

Gabrielle Erpicum, « S’ancrer auprès des familles les plus pauvres  », Revue Quart Monde [Online], 265 | 2023/1, Online since 01 September 2023, connection on 29 March 2023. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10978

Suis-je encore en mesure de me poser cette question : « À quel moment de ma vie ai-je découvert la misère ? »

Spontanément, me revient le visage de cet homme qui, très régulièrement, et toujours à la même heure - à midi !- sonnait deux coups, pas plus, ni moins, à la porte de notre maison à Bruxelles.
Dès la porte ouverte, il montait les trois marches d’entrée… et s’avançait dans le premier couloir, pas plus loin…, pour y recevoir son « bol de potage », bien chaud !

Je devais avoir dix ans, mon frère huit, quand nous l’avons connu, me semble-t-il. Bien vite, j’ai saisi son extrême solitude. Elle se lisait dans ses yeux !

Est-ce en devinant qu’il reviendrait, que nos parents nous l’ont confié ? À « nous », c’est-à-dire : à mon plus jeune frère et à moi « afin qu’il ne se sente jamais seul » –. Cet accueil, à chacun de ses passages chez nous, devrait lui faire du bien.

Des consignes nous avaient été données par nos parents :

— « Quand il arrive, vous commencerez toujours par lui dire : ...

1 Bâtiments en fibrociment de 70 m2, sans eau ni électricité, avec un toit en tôle ondulée, dans lesquels vivaient les familles du bidonville de Noisy

Gabrielle Erpicum

Gabrielle Erpicum est volontaire du Mouvement ATD Quart Monde depuis l’été 1963. Après trois ans d’action au Camp des sans-logis à Noisy-le-Grand, camp d’environ 2 500 personnes, elle fut la collaboratrice directe du père Joseph Wresinski de 1965 jusqu’à son décès en 1988.

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