Mélanie est psychologue clinicienne, Léa est dessinatrice. Elles se sont associées pour rendre compte ici de séquences de psychothérapie entreprises avec quatre mineurs étrangers non accompagnés, souvent avec l’aide d’interprètes. Ceux-ci ont accepté ce suivi thérapeutique qui leur avait été proposé en raison des séquelles traumatiques engendrées par les conditions de leur histoire migratoire. On y trouve, sous une forme qui s’apparente à celle d’une bande dessinée, des extraits de propos tenus par ces adolescents pour dire leurs souffrances, de questions-réponses échangées, ainsi que des notes prises sur le vif par la psychologue. Il s’ensuit à chaque fois, sous une forme plus rédactionnelle, des commentaires et des réflexions de cette dernière, pour mettre en lumière telles ou telles considérations de portée plus générale, explorant la nature et la profondeur du traumatisme vécu et faisant valoir le bien-fondé de l’aide apportée pour permettre sa verbalisation.
Dans sa préface, Thierry Baubet, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, plaide pour le devoir éthique de notre société de mieux traiter ces « invisibles ». Car on n’imagine pas la situation pathogène et la solitude de ces jeunes, privés de liens familiaux et culturellement déracinés, dont le parcours a été émaillé de violences subies, parfois dans leur pays d’origine, toujours pendant leur voyage, souvent en France, avec leurs lots de deuils et de séparations.
Dans un chapitre conclusif, « Éléments d’une pratique », Mélanie Kerloc’h revient sur sa pratique professionnelle. In fine, elle s’ouvre sur la nécessité pour elle de « créer du tiers », c’est-à-dire « trouver des partenaires, des équipes, des lieux, des personnes qui peuvent entrer dans le parcours de ces jeunes et devenir signifiants pour eux. Ainsi pourront-ils travailler leur inscription dans la société d’arrivée, s’ils le désirent, et ne pas rester en relation duelle, en face‑à‑face. »