Pour Dominique Rousseau, qui est juriste et professeur de droit constitutionnel, la contestation est indispensable pour que vive la démocratie.
« L’acte de contester fait sortir l’individu de sa sphère privée et le fait entrer dans la sphère publique. » C’est en manifestant dans l’espace public que les citoyens font avancer le droit. « La figure du citoyen se construit au rythme des révoltes des hommes pour faire inscrire, dans des textes de nature constitutionnelle, les droits nouveaux. »
Dans la contestation, les citoyens utilisent leur propre langage, leurs canaux de communication et leurs lieux de débats. « Aujourd’hui, les mouvements sociaux partent de la base, sans y avoir été invités par le sommet ; ils s’organisent, en dehors des syndicats, en collectifs décentralisés, qui correspondent entre eux par les réseaux sociaux, sans liens hiérarchiques et sans nécessairement de leaders identifiés. » Et les institutions évoluent ainsi en fonction de la capacité des citoyens « à identifier une activité humaine comme étant d’intérêt commun » (éducation ou changement climatique par exemple).
« Les contestations d’aujourd’hui sont celles pour la protection des biens communs, pour un autre ordre international, pour la protection de la nature, pour la liberté de la presse qui feront que le monde continue. Autrement. Mais qu’il continue. »
Une réflexion salutaire à une époque où les corps intermédiaires interviennent rarement dans les débats.