Universelle, l'Exposition de Séville ?

Jacqueline Chabaud

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Jacqueline Chabaud, « Universelle, l'Exposition de Séville ? », Revue Quart Monde [En ligne], 143 | 1992/2, mis en ligne le 05 août 1992, consulté le 10 novembre 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3601

Pour l'Exposition universelle et l'aménagement de Séville, il fallait de la place. Un camp de Gitans a donc été expulsé. Où sont-ils allés ? Question incongrue !

Que l'on célèbre toutes les cultures de l'humanité et les merveilles de la science sur des lieux d'où furent chassées des familles exclues, n'est-ce pas le symbole de nos pratiques quotidiennes, collectives et individuelles ?

Ces familles exclues, on en parle dans des colloques d'où leur pensée est encore plus expulsées qu'elles-mêmes. Comme sans doute, à Séville, l'un ou l'autre pavillon national présente Gitans, Tziganes ou Roms... En photos, ils sont si beaux. Avec des objets, leurs mains sont si habiles. Ou sur trois notes de musique, ils font si bien chanter l'âme.

Cachés derrière les vitrines comme au fond des bois, numérotés sous les statistiques comme dans la vie, les hommes en grande pauvreté ne dérangent pas.

Casser toutes les glaces, brûler tous les dossiers ? Folie, dites-vous ! Mais sans elle, comment célébrer toutes les cultures de l'humanité ? Une culture qui ne dérange pas est aussi morte qu'une humanité divisée contre elle-même.

Jacqueline Chabaud

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