« Quand les femmes sont tristes, elles s’achètent des bricoles, un châle, un parfum… » En lisant ces lignes dans un magazine féminin, j’ai eu honte de cet étalage de futilités. Et je pensais que jamais je n’oserai montrer ce magazine aux femmes qui n’ont pas les moyens de se procurer l’essentiel.
Ma première réaction passée, j’ai songé au père Joseph. N’avait-il pas convaincu une esthéticienne de venir aider les femmes à prendre soin de leur visage, alors qu’elles vivaient dan la boue et de dénuement du camp de Noisy-le-Grand ? Plus sûres d’elles, elles avaient osé aller voir l’instituteur de leurs enfants.
Droit à l’apparence, droit à la fierté.
J’ai alors pensé à cette femme humiliée d’avoir été renvoyée d’un vestiaire sous prétexte qu’elle y venait trop souvent ! Elle tenait à choisir des vêtements afin que ses enfants soient habillés à son goût : plaisir et fierté de n’importe quelle maman. Dans l’unique pièce où habite toute sa famille, les vitres de la fenêtre n’ont jamais été nettoyées. Mais le jour même où elle apprit qu’un logement HLM lui avait été attribué, cette femme courait acheter du tissu pour ses rideaux futurs. Et la veille de l’emménagement, elle se faisait coiffer pour montrer bon visage aux futurs voisins.
Droit à l’apparence, droit à la beauté, droit à la fierté.