Ce numéro 121 est un numéro zéro, c’est-à-dire une première invitation à un rendez-vous trimestriel. Une invitation ferme dont vous améliorerez la forme et le contenu par vos contributions, vos suggestions et vos critiques
C’est une invitation ferme parce que les familles sous-prolétaires refusent leur condition et ont besoin du soutien de ceux qui les entourent. Elles refusent le chômage à vie et ont besoin des partenaires sociaux. Mais l’employeur ou le syndicaliste ne peut pas donner une chance au travailleur sous-prolétaire sans rechercher l’accord de son personnel ou de ses camarades. Elles refusent l’échec scolaire de leurs enfants et savent que leur chance, c’est l’instituteur compétent qui croira en eux. Mais l’instituteur, pour innover face à un enfant qui entre difficilement dans le rythme et la vie de la classe, doit rechercher l’accord de ses collègues et des parents d’élèves de sa classe.
Le refus de la misère que ne peuvent contenir les familles du Quart Monde, pour se traduire en faits, doit gagner au-delà de nous-mêmes, nos amis, nos collègues, tous nos contemporains
Refuser la misère c’est beaucoup plus que faire une soupe populaire lorsqu’il est trop tard pour l’éviter. C’est saisir aujourd’hui les chances qui permettront aux plus pauvres de vivre demain dans la dignité.
Les entreprises, les universités, les administrations ont le souci de s’informer, de se concerter, de faire étudier au prix de budgets importants ce qui présente une chance de développements futurs. Lorsqu’elles perçoivent ces chances, elles y investissent leur substance et tous leurs moyens de réussite
Cette revue a pour mission de devenir un point de rencontre et de réflexion sur les chances que la génération d’aujourd’hui doit saisir pour que le refus de la misère continue à prendre mieux corps dans cinq, dix, vingt ans
Elle doit donc continuer à traduire une communication profonde avec les plus pauvres. Sans cette communication nous n’aurions pas d’ancrage dans la réalité et, surtout, comme c’est trop souvent les cas dans les études sur la pauvreté, nous nous tromperions d’interlocuteurs. Il faut que la réflexion sur la pauvreté enrichisse la compréhension que les plus pauvres ont de leur situation, ainsi elle renforce ceux qui refusent le plus la misère
Cette nouvelle formule d’Igloos doit encourager ceux qui ont la chance d’être formés et de pouvoir s’informer, à se mettre à l’école des plus pauvres. Avec eux nous deviendrons capables de redécouvrir les progrès dont nos sociétés sont capables aujourd’hui et demain
Le Mouvement ATD Quart Monde bénéficie de la confiance de dizaines de milliers de familles parce qu’il est pour elles un moyen de dignité. Il bénéficie aussi de l’amitié et du soutien, le plus souvent obscur, de personnes pour qui cette dignité est la principale mesure de nos idéaux démocratiques
La réflexion des unes et des autres doit nous rendre plus clairvoyants sur les chances à saisir, nous le devons à chacun de ceux, quels qu’ils soient, qui payent le prix d’un engagement contre la misère.