M. Heydecker : Monsieur le Préfet de Région, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les représentants des services centraux de l’Etat, et en particulier Monsieur Tulet qui vient au nom de Madame Aubry, les représentants des services régionaux de l’Etat, les représentants des collectivités locales, des entreprises et des syndicats, des associations et des organismes de formation, chers collègues, je suis heureux de vous accueillir à l’Hôtel de Région et je vous remercie, au nom du C.E.S.R., d’avoir accepté d’apporter votre concours à cette journée.
Mes remerciements particuliers à Monsieur le Préfet de Région et à Monsieur le Président du Conseil Régional qui parrainent ce colloque, aux participants des trois tables rondes et à Monsieur H. Vacquin pour son précieux et généreux concours.
Monsieur Pouthas, à mes côtés, qui a consacré beaucoup de son temps à la préparation de ce colloque, vous en présentera les enjeux dans quelques instants.
Notre but, aujourd’hui, est de faire se rencontrer tous les partenaires concernés afin d’aboutir rapidement à la mise en place d’un certain nombre d’expériences. Il ne s’agit pas de débattre sur l’exclusion, il s’agit de trouver des solutions.
L’exclusion a, d’évidence, une dimension sociale mais nous souhaitons au cours de cette journée nous limiter à notre champ de compétences : la formation et l’emploi.
Jean Baptiste de Foucauld, commissaire au plan, a écrit : « Etre exclu n’est pas une identité, mais le résultat d’un processus ; prendre des mesures n’est plus suffisant, il faut enclencher des processus inverses qui conduisent à la réinsertion. » Processus à imaginer et à tester.
C’est parce que le Mouvement ATD Quart Monde a mené et réussi une expérience à Reims que nous sommes ensemble aujourd’hui.
Avant de donner la parole à Madame Bouvier, Présidente régionale du Mouvement, puis à Monsieur le Préfet de Région pour l’ouverture du colloque, je voudrais conclure par une image qu’il affectionne. Dans le grand match de la vie, match essentiel, il y a de plus en plus de jeunes qui savent ou qui croient qu’ils ne joueront jamais. A quoi bon s’entraîner si c’est pour rester sur la touche ?
A nous, sans doute, de les faire d’abord entrer sur le terrain, l’envie de jouer leur viendra alors probablement .
Mme Bouvier : Je ne redirai pas les paroles de bienvenue que Monsieur Heydecker vient de vous adresser, mais, au nom du Mouvement ATD Quart Monde que j’ai l’honneur de représenter dans la région Champagne-Ardenne, je m’y associe pleinement.
Je voudrais remercier tout particulièrement Monsieur Marty, Préfet de Région et Monsieur Kaltenbach, Président du Conseil Régional qui parrainent cette journée.
Pour les jeunes en grande difficulté d’insertion et pour leur famille, ce parrainage signifie la reconnaissance d’une situation à laquelle il doit être remédié et aussi la volonté d’en prendre les moyens. C’est beaucoup plus qu’un encouragement.
Je veux aussi vivement remercier Monsieur Heydecker et, à travers lui, l’ensemble des membres du C.E.S.R pour l’exceptionnelle collaboration dont nous avons bénéficié depuis le début de la préparation de ce colloque. La décision en avait été prise avec le Président Gauby qui nous a quittés prématurément et dont je veux ici saluer la mémoire.
Le Mouvement ATD Quart Monde est présent à Reims depuis 1972. Il a mené diverses actions qui ont permis un rassemblement et une connaissance des familles les plus démunies. Entre autres actions, un club du savoir a été mené avec les jeunes de 1978 à 1986.
Ce projet a été à l’origine de l’atelier « Avenir Jeunes Reims » (AJR) né par la suite de la volonté commune des Frères des Ecoles Chrétiennes et du Mouvement ATD Quart Monde, et qui vous sera présenté ce matin.
Nous savons que le public dont il va être question tout au long de la journée n’est heureusement pas majoritaire en nombre au regard de tous les jeunes pour qui les problèmes de formation et d’emploi sont graves et nécessitent l’attention des responsables.
On compte cependant aujourd’hui 3 400 jeunes dans le district de Reims qui appartiennent au public visé. Ce seul chiffre justifierait notre travail, parce que c’est une justice à leur rendre.
En effet, nous agissons comme si, écrivait le père Joseph Wresinski dans son rapport au Conseil Economique et Social national, « au-delà d’un certain état d’inégalité et de pauvreté, les hommes paraîtraient tellement inférieurs, que nous ne serions plus certains qu’ils aient des droits égaux, ou alors que les efforts à consentir pour leur faire récupérer leurs droits paraîtraient tellement coûteux qu’au nom du bien du plus grand nombre, nous admettrions l’injustice et l’exclusion pour la minorité des plus démunis. »
D’ailleurs, a-t-on chiffré le prix de leur inutilité ? Je pense bien sûr à la prison, la prévention, etc.
Nous sommes rassemblés aujourd’hui autour d’expériences qui prouvent qu’il est possible que des jeunes très pauvres apprennent et travaillent à condition de s’en donner les moyens. Ces expériences doivent être reproduites et dans l’avenir, entraîner, si nécessaire, une adaptation de la loi.
Nous croyons aussi que ce qui se réussira avec eux sera révélateur et gage de réussite pour des jeunes en moindre difficulté.
Nous savons que l’urgence, la gravité et la complexité des problèmes économiques sont elles que la tentation est grande de laisser à des spécialistes « sociaux » les réponses à trouver pour ces jeunes sans avenir.
C’est une impasse n’apportant que des solutions illusoires et perpétuant l’exclusion. C’est donc un appel à une recherche commune de solutions engageant ici chacun selon ses responsabilités propres que nous lançons aujourd’hui.
Nous vous remercions de votre présence et des travaux que dès maintenant nous allons engager et poursuivre ensemble.