Réaction à un artcle

Michèle Defromont

p. 61

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Michèle Defromont, « Réaction à un artcle », Revue Quart Monde, 237 | 2016/1, 61.

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Michèle Defromont, « Réaction à un artcle », Revue Quart Monde [En ligne], 237 | 2016/1, mis en ligne le 20 août 2016, consulté le 28 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6590

Je réagis au texte sur la maman trop aimante1.

Il y a quelques années, j’ai offert L’épine sur les roses2, à une assistante sociale que j’estimais et avec qui je voyageais chaque matin vers Herblay. Elle connaissait des familles dont parlait ce livre. Elle m’a dit ensuite quelque chose comme : « C’est plein de mensonges ». Je me suis dit : la vérité doit être au milieu, entre ce que disent les personnes s’exprimant dans ce livre et ce qu’en dit cette assistante sociale.

Je pense donc aux travailleurs sociaux quand je lis l’article de Pascal Percq.

Après avoir été volontaire pendant trente ans, j’ai travaillé huit ans en crèche et multi-accueil. J’ai fait pas mal de formations avec des acteurs sociaux. Cela me donne une belle amplitude d’expériences et de rencontres.

Je suis en accord avec tout ce texte. Je mettrais deux gros bémols :

  • « Céder aux désirs de ses enfants » serait de la bientraitance… Pour moi, pour les pro de l’éducation, trop céder aux désirs des enfants avec souvent son corollaire - ne pas leur donner assez de limites, de règles, de « non » - entraînent de l’angoisse chez les enfants. Ils deviennent insupportables, exigeants, en souffrance. Leurs parents aussi.
    Des parents voulant aimer mais dépassés, manquant d’instruction, de repères peuvent devenir néfastes. À certains de les accompagner.

  • « L’objectif final du placement étant le retour dans la famille ». Pour moi, c’est : « maintenir un lien avec la famille » si l’enfant le souhaite. Je pense au magnifique film Spartacus et Cassandra3.

Il y a vraiment des parents cassés, déstructurés qui, même avec un accompagnement, sont trop abimés voire « toxiques » pour élever leurs enfants. Je parle en connaissance de cause.

Je pense aussi à cette femme avec qui je randonne chaque quinzaine et que le père Joseph a sorti de sa famille pour la protéger et qu’elle ne retourne plus chez elle.

Ces parents « maltraitants » sont des êtres humains, ce qui justifie notre considération, un accompagnement. Mais les enfants sont parfois à protéger de leurs parents.

J’écris cela au nom de la crédibilité d’ATD Quart Monde auprès des travailleurs sociaux. Ceux-ci, mais aussi les juges, les psy, ont tellement évolué, réfléchi à leurs pratiques en trente ans - et ATD y est pour beaucoup. Ce n’est pas assez mais ils doivent/vont continuer.

1 Voir RQM N° 236, décembre 2015, rubrique Autrement vu, texte signé par Pascal Percq.

2 L’épine sur les roses, Jean-Michel Defromont, Éd. Quart Monde, collection En un mot, 2006. Livre donnant la parole aux familles vivant dans la boue

3 Film d’Ioanis Nuguet, avec Cassandra Dumitru, Spartacus Ursu, Camille Brisson, 2015. Lauréat du prix Agir Tous pour la Dignité.

1 Voir RQM N° 236, décembre 2015, rubrique Autrement vu, texte signé par Pascal Percq.

2 L’épine sur les roses, Jean-Michel Defromont, Éd. Quart Monde, collection En un mot, 2006. Livre donnant la parole aux familles vivant dans la boue d’un terrain du Val d’Oise, certaines depuis trente ans, expulsées « au nom du peuple français », sous prétexte qu’elles occupent illégalement une « zone naturelle ».

3 Film d’Ioanis Nuguet, avec Cassandra Dumitru, Spartacus Ursu, Camille Brisson, 2015. Lauréat du prix Agir Tous pour la Dignité.

Michèle Defromont

Militante du Mouvement international ATD Quart Monde

CC BY-NC-ND