Ce texte reprend de larges extraits de son discours public à l’occasion de la Journée mondiale du Refus de la misère, le 17 octobre 2016.
Au cœur de la Journée mondiale du refus de la misère, sont présentes toutes les personnes qui font face à la violence de la misère infligée par les privations et par le mépris, toutes celles qui sont chassées d’un lieu à l’autre par les conflits, par la sécheresse, les inondations, la faim : quel accueil trouvent-elles tous les jours parmi nous ?
Des frontières se ferment encore plus entre les pays, d’autres invisibles se dressent entre des quartiers et des communautés. Des murs s’érigent entre les hommes, l’escalade vers toujours plus de sécurité pour les uns jette les autres dans une vulnérabilité absolue. Tant de personnes, en cherchant la vie, la risquent et disparaissent sans laisser de traces.
L’indifférence et l’ignorance alimentent les préjugés et les peurs […] C’est un gâchis pour les sociétés. Elles se privent ainsi de l’expérience des personnes dont le quotidien est fait de résistance, de courage et de patience pour trouver les chemins qui nous libéreront des divisions et amèneront la paix.
« Dans la misère, on n’est que l’ombre de soi-même, dit ce père de famille d’Allemagne. Pour s’en sortir il faut pouvoir sauter par-dessus son ombre. Mais pour passer au-dessus de ton ombre, tu dois avoir à côté de toi quelqu’un qui croit en toi, plus que tu n’y crois toi-même. »
Le combat que porte ce père de famille, pour la reconnaissance de la dignité de tous, se mène dans bien des lieux.
En France, dans une cité délabrée, des habitants se sont mis ensemble pour repeindre leur cage d’escalier maculée d’inscriptions infamantes.
Au Guatemala, des parents très pauvres ont trouvé la force de parler avec des enseignants, de dialoguer avec le Ministère, jusqu’à obtenir la gratuité de l’école publique.
Dans le monde, à l’initiative du Mouvement ATD Quart Monde, des milliers de personnes ayant l’expérience de la grande pauvreté, rejointes par des fonctionnaires, des acteurs de terrain, des universitaires, ont réfléchi ensemble en croisant leurs savoirs. Leurs travaux ont influencé les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, par lesquels les chefs d’État se sont engagés à œuvrer pour un développement qui « ne laisse personne de côté ».
Le chemin est long pour libérer le monde de la misère. […] Joseph Wresinski nous a mis en route avec détermination. Comme lui nous continuons à croire qu’« une nouvelle humanité sans misère verra le jour, puisque nous le voulons. »