À Madagascar, dans le quartier très démuni où vit Madame Marcelline, les autorités ont réussi à mettre en place un programme de distribution de soutien exceptionnel alors qu’en ce temps de pandémie tant de familles craignent la maladie et, bien plus encore, la faim ! Marcelline et sa famille y ont eu accès, pas sa voisine qui n’a pas pu s’inscrire sur les listes faute de documents officiels prouvant son existence. Alors Marcelline a partagé avec elle la petite somme d’argent reçue.
Les familles les plus pauvres à travers le monde ont derrière elles des siècles d’expérience du partage et de la solidarité. Cette crise sanitaire nous le révèle avec force : face au manque de moyens pour se nourrir et se soigner, la plupart du temps, les plus pauvres ne peuvent compter que sur la solidarité de leurs voisins presque aussi pauvres qu’eux. Cette solidarité est formidablement inventive et courageuse. Mais elle ne suffit pas, et arrivent les jours où il n’y a plus rien à partager. Où le manque de moyens fait que la résistance est vaine et que la misère se perpétue quand même.
C’est pourquoi, avec d’autres, nous nous battons pour obtenir des socles de protection sociale pour tous et partout. Des socles de protection sociale qui rendront nos sociétés plus solidaires et résistantes parce que nous refuserons, dans un monde de plus en plus incertain, de laisser 4 milliards de personnes à la merci des crises, sans autre protection que la solidarité que les pauvres exercent entre eux. Des socles de protection sociale qui apporteront une sécurité de base à tous dans le respect de ce qui est le plus vital : l’avenir des enfants.
En Haïti, l’équipe d’ATD Quart Monde a inventé avec les familles d’un bidonville de la capitale un programme savoir-santé qui leur permet de se soutenir pour le développement des enfants. Ce programme leur donne accès aux soins de base grâce à l’assurance-santé créée avec un partenaire local. Ce programme lancé il y a plus de vingt ans, à partir de la priorité au plus pauvre, reste modeste. Nous cherchons les moyens de le rendre pérenne et surtout qu’il inspire d’autres. Aujourd’hui, les familles qui y participent acceptent de laisser leur place à d’autres familles avec des petits enfants quand les leurs ont grandi et qu’elles ont gagné en force et en sécurité. Les familles qui luttent au jour le jour contre la misère peuvent nous guider pour bâtir des socles de protection sociale qui se grefferont sur la solidarité déjà existante, et l’amplifieront. Ces familles pourtant si démunies s’engagent, et nous, que ferons-nous ? Cette pandémie nous met au défi de réussir des socles de protection sociale pour tous, dans tous les pays !