Articles pour le 1 octobre 2019
Dans une époque individualiste, la question du militantisme peut et doit se poser. En effet, si on imagine que militer a pour finalité de changer le monde, on peut véritablement s’étonner que des gens continuent à s’engager malgré la fatalité des choses, et malgré le fait que les politiques semblent toujours favoriser des intérêts privés, être plus en plus incapables de tendre l’oreille aux réclamations populaires de justice sociale.
Pour ces raisons le militantisme ne peut être uniquement saisi dans ses occurrences légitimes dans l’espace public ; il existe aussi un militantisme irrégulier, parfois invisible, dont le traitement médiatique et social semble bien plus aléatoire. Parce que ses motifs ne sont pas toujours d’emblée politiques, ils sont plus facilement stigmatisables, ou plus difficilement communicables, parce que, in fine, plus aisément réductibles à des comportements individuels.
Il faut prendre la mesure de ce qu’on entend par militer. Il faut faire état des motivations qui amènent des individus à assumer ce rôle. Mais aussi analyser clairement les conditions permettant l’émergence d’un militantisme. Le militantisme est avant tout l’engagement dans un collectif, dans une communauté de sens, dans une lecture du monde qui donne prise sur le monde. Inscription dans une histoire, une identité, participation à quelque chose qui nous sort des bornes de notre vie personnelle. De plus dans le militantisme du Quart Monde il y a à apprendre quelque chose de nouveau pour tous.
Dans l’optique de mieux comprendre comment et pourquoi le pas se fait, le dossier de ce numéro souhaite porter sur l’entrée en militance, sur des parcours qui retracent le(s) moment(s) de bascule et d’engagement, mais aussi le(s) moment(s) où cet engagement s’éprouve dans ses défaites et ses victoires.