Spécialiste des questions latino-américaines, l’auteur décrit par grands secteurs géographiques l’état actuel des luttes d’émancipation culturelle, sociale ou politique des peuples indiens. Du nord au sud, ils vivent tous au bas de l’échelle sociale « étrangers dans leur propre pays » quand ils ne sont pas chassés de leurs terres et exterminés.
S’appuyant sur de larges extraits de documents officiels, de récits, de manifestes, il révèle une histoire ignorée de beaucoup : celle de l’oppression coloniale qui se perpétue de nos jours sous des dehors démocratiques, malgré cinq siècles de résistance ininterrompue.
Christian Rudel exprime clairement sa sympathie pour les luttes de ces peuples exploités et niés dans leur identité et son intérêt pour leur civilisation, leur philosophie qui porte selon lui une « cosmovision d’avenir ». Mais il reste critique face aux excès et aux maladresses de certains leaders qui idéalisent l’ancienne organisation sociale des Indiens et rejettent tout ce qui vient d’Occident.
Il montre bien la résistance morale des Indiens qui, pour la plupart, cultivent toujours la « loi » de l’entraide et du partage avec les plus pauvres d’entre eux. Cette résistance est enracinée dans une philosophie qui proclame qu’« il faut aimer les animaux, les plantes, les montagnes, les pierres, comme on aime ses parents ou ses frères » et pour qui la terre, « mère universelle » est à tous.
Bien que ce livre n’illustre guère cette affirmation par des exemples de solidarité vécue, il amène à reconsidérer les fondements de notre propre civilisation.