De ma famille, de ce noyau intime où rien n'est étranger ni neutre, il ne me restait rien. Je regardais la lune. Elle brillait là où était ma mère, mon père, mon frère... Nous étions réunis dans la complicité de la lune...
En Quart Monde, certains enfants n'ont connu de leurs parents que des phrases destructrices qu'ils enfilent comme un sombre collier de honte ou de révolte : « Ton père est un bon à rien, ta mère t'a abandonné... ».
De tout temps, les familles très pauvres ont été dépossédées de leurs enfants par la mort, la faim, les interventions dans leur vie privée. De tout temps, elles se sont acharnées à vivre ensemble, à mettre au monde des enfants, comme si à travers ce droit-là elles voulaient faire reconnaître leur pleine humanité. Sont-elles à contre-courant ? Ont-elles quelque chose d'essentiel à nous rappeler sur nous-mêmes et sur nos sociétés ?
Extrait de la préface du Père Joseph Wresinski :
« Ce livre n'est pas une étude ni un témoignage, il est une tranche de la vie. Il exprime ce que les familles du Quart Monde ont. appris d'elles-mêmes au jour le jour à Francine de la Gorce de leurs échanges et leurs luttes communes, mais aussi ce que Francine a vécu avec elles, à cause d'elles, de douleurs, de transes, d'espoirs.
Francine, comme les autres volontaires qui, avec elle, fondèrent il y a vingt-six ans le Volontariat d'ATD-Quart Monde, a opté pour ces familles. Elle en fit l'enjeu de sa propre vie... Femme et mère, elle n'a cessé de faire face pour défendre les droits des familles et exiger que celles-ci puissent assumer leurs responsabilités, assurer leur honneur, lutter pour le respect d'elles-mêmes et de leurs enfants. »