Stéphanie Besson. Trouver refuge. Histoires vécues par‑delà les frontières

Ed. Glénat, Grenoble, 2020

Daniel Fayard

p. 62

Bibliographical reference

Stéphanie Besson. Trouver refuge. Histoires vécues par-delà les frontières. Ed. Glénat, Grenoble, 2020, 309 p.

References

Bibliographical reference

Daniel Fayard, « Stéphanie Besson. Trouver refuge. Histoires vécues par‑delà les frontières », Revue Quart Monde, 256 | 2020/4, 62.

Electronic reference

Daniel Fayard, « Stéphanie Besson. Trouver refuge. Histoires vécues par‑delà les frontières », Revue Quart Monde [Online], 256 | 2020/4, Online since 01 December 2020, connection on 10 December 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10112

« Protégeons les vies, pas les frontières », c’est le cri, le « hurlement » de Stéphanie Besson, accompagnatrice en montagne et fondatrice avec d’autres en fin d’année 2015 à Briançon de l’association Tous migrants. Elle raconte ici cinq ans de « mobilisation stimulante » et de « lutte épuisante ». Ce sont environ dix mille migrants que celle-ci a récupérés et accueillis alors qu’ils étaient en perdition dans leur tentative de traversée des Alpes par le col de l’Échelle, le Montgenèvre, la vallée de Nevache, traqués par la police et même par des milices civiles.

Ce sont des Africains pour la plupart, mais aussi des Afghans, des Iraniens, des Irakiens…, jeunes en général, parfois mineurs. Ils sont demandeurs d’asile et de protection. Il s’agit en urgence de leur procurer soins, logement, nourriture et vêtements, de les accompagner dans leurs démarches administratives si on a réussi à ce qu’ils ne soient pas renvoyés en Italie (Cf. la convention de Dublin), de les aider à se perfectionner en français, de leur permettre de participer à une vie sociale locale. Ce qui suppose de pouvoir compter sur le courage et la disponibilité d’un grand nombre de citoyens solidaires ainsi que sur des appuis associatifs et institutionnels.

Stéphanie Besson veut témoigner de cette fraternisation inconditionnelle, des droits humains des exilés, et plaider leur cause auprès de toutes les autorités. Elle donne ici la parole à un très grand nombre de personnes, qu’elles soient accueillies ou solidaires, pour qu’elles expriment elles-mêmes comment elles ont vécu leur parcours ou leur engagement, les obstacles auxquels elles ont été confrontées ou les soutiens dont elles ont pu bénéficier. Leurs témoignages révèlent les risques respectifs qu’elles ont encourus pour aller à la rencontre les unes des autres.

Là où beaucoup identifient une crise migratoire, Edwy Plenel, dans la préface de ce livre, met en cause « une crise de l’accueil ». « Une crise de l’indifférence, de l’égoïsme, du repli, de notre part d’humanité ». Au Préfet qui lui dit que les lois de la République sont sacrées, Boubacar, un jeune guinéen répond : « Les hommes sont plus sacrés que les lois ». Vouloir et pouvoir vivre ensemble est un combat toujours à reprendre, car notre société est traversée par des forces antagonistes sur cet enjeu.

Le 10 décembre 2019, la Commission nationale consultative des droits de l’homme a attribué le prix des Droits de l’homme de la République française à Tous migrants et à l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, faisant valoir le devoir de fraternité… « Alors même que les forces de l’ordre bafouent en toute impunité les droits des exilés » et que « la justice française incrimine » encore ceux qui leur portent secours !

À lire et à faire lire pour que les citoyens veillent à ce que les politiques mises en œuvre « ne nous fassent pas perdre notre humanité ». « Pas en notre nom ! » : c’est l’appellation d’origine de Tous migrants !

Daniel Fayard

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