Harouna SY, Enfants de paysans pauvres à l'Université publique

Auto-exclusion des exclus de l'intérieur. Éd. l'Harmattan, 2020, 350 p.

Brigitte Bureau

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Harouna Sy, Enfants de paysans pauvres à l'Université publique. Auto-exclusion des exclus de l'intérieur. Éd. l'Harmattan, 2020, 350 p.

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Brigitte Bureau, « Harouna SY, Enfants de paysans pauvres à l'Université publique », Revue Quart Monde [En ligne], 258 | 2021/2, mis en ligne le 01 juin 2021, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10358

L'auteur est sociologue, professeur dans une université de Dakar, spécialiste des questions d'éducation. Il s'inscrit dans le courant de la sociologie inspirée par une lecture marxiste de la société.

Il s’appuie sur l’analyse de la situation socio-économique et culturelle des paysans pauvres du Sénégal d'une part et le système éducatif d'autre part, dans une visée historique marquée par la colonisation, l'indépendance, la période socialiste suivie d'un virage vers une économie mondialisée et libérale. Il confronte ces réalités à l'analyse d'entretiens menés auprès de cent trente-deux étudiants, enfants de paysans pauvres, inscrits dans cinq universités de Dakar.

Les conclusions sont assez sombres. L’investissement démesuré des parents, de la famille élargie, des étudiants eux-mêmes pour s'adapter, fait face à un système qui fait semblant de vouloir les accueillir (démocratisation du système scolaire) mais qui ne s'est pas réformé pour tenir compte de leurs réalités et n'a jamais rompu avec son objectif non avoué de reproduction des classes dominantes.

Les étudiants s'acharnent pour réussir à tout prix et mériter les sacrifices de leur famille mais leurs efforts sont inadaptés aux attentes de l'université qui correspondent aux classes disposant de meilleurs moyens financiers et surtout culturels. Au final, sur les étudiants interrogés, neuf seulement poursuivent une scolarité pouvant être qualifiée de réussie (sans redoublements excessifs) avec une adéquation entre les choix de départ et le parcours.

Pour l'auteur, la dégradation observée ces dernières années est due à l'intégration du système scolaire dans l'économie de marché, en particulier à l'absence d’une réforme agraire qui aurait été un préalable nécessaire pour sortir cette classe sociale de l'économie de survie et mieux la préparer à un parcours de réussite scolaire. Par ailleurs il regarde avec inquiétude la disparition de l'engagement politique qui avait mobilisé les étudiants de la génération précédente. Aujourd’hui, leur investissement dans les associations communautaires d'entraide et, plus grave selon lui, dans les confréries religieuses, risque de les empêcher de consacrer suffisamment d’énergies pour persévérer avec succès dans leurs études.

Brigitte Bureau

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