Louise Fines, Enfants au travail : le paradoxe de la nécessité et du choix

L’Harmattan, Paris. Collection Questions contemporaines. 2020. 215 pages

Daniel Fayard

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Louise Fines, Enfants au travail : le paradoxe de la nécessité et du choix. L’Harmattan, Paris. Collection Questions contemporaines. 2020. 215 pages

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Daniel Fayard, « Louise Fines, Enfants au travail : le paradoxe de la nécessité et du choix », Revue Quart Monde [En ligne], 259 | 2021/3, mis en ligne le 01 septembre 2021, consulté le 19 mars 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10445

« Il est apparu fécond (à l’auteure, professeur de criminologie à l’université d’Ottawa) de traiter la question du travail des enfants sous l’angle de crimes systémiques parce que, dans le contexte mondial actuel, le sacrifice des enfants travailleurs apparaît nécessaire pour que les sociétés commerciales et les industries en jeu s’enrichissent... »

Louise Fines décrit le contexte, les conditions de vie et de travail de ces enfants en ciblant plusieurs domaines où ils sont particulièrement actifs : le secteur minier (les mines de mica en Inde, la mine de granit de Pissy au Burkina Faso, les mines d’or au Mali), le secteur agricole avec la récolte du tabac aux États-Unis et celle des noisettes en Turquie, le secteur du textile au Myanmar, le secteur des tanneries au Bangladesh, ainsi que le travail domestique sous diverses formes. Puis elle s’interroge pour savoir si, pour ces enfants, il s’agit d’un choix ou d’une obligation. Sont-ils des travailleurs ou des esclaves ? Ont-ils des bénéfices à travailler ? Sont-ils des victimes ou des personnes en quête d’autonomie ? Faut-il interdire le travail des enfants ou bien faut-il laisser faire ? Faut-il encourager les enfants à travailler ou bien faut-il les contraindre à aller à l’école ? Les filles se trouvent-elles mieux protégées à l’école ou au travail ? Si les enfants gagnent de l’argent, sont-ils pour autant des travailleurs comme les autres ? Et même s’ils obtiennent le droit de travailler en toute légalité, ne sont-ils pas exploités par leurs employeurs ?

Ces derniers justifient leurs pratiques en faisant valoir que ce sont en fait les parents qui veulent que leurs enfants travaillent et qu’ils rendent ainsi service aux familles et aux communautés comme aux enfants eux-mêmes. Sauf que le recours à cette main-d’œuvre enfantine bon marché leur génère un surcroît de revenus et de pouvoir commercial au détriment de la défense des droits fondamentaux de ces travailleurs vulnérables, dont la santé est souvent altérée, la sécurité menacée et le développement entravé. « Comment comprendre la persistance du travail des enfants, alors que des lois et des règlements adoptés de longue date prévoient une scolarité pour tous les enfants d’âge scolaire, même si cette notion peut varier selon les pays et les conventions en vigueur ? »

Les réponses de l’auteure sont à rechercher du côté d’une « certaine indifférence morale » à l’égard du sort des familles dont les enfants sont dans l’obligation de travailler pour leur survie (Qui se soucie de leur faire obtenir justice en raison des préjudices endurés ?), et du côté de la complicité tacite de pouvoirs politiques et économiques favorisant une production au coût le plus bas possible.

Daniel Fayard

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