Irène Josiane Ngouhada avec Anne-Bénédicte Hoffner. Je suis partie pour vivre

Éd. Tallandier, 2019

Daniel Fayard

p. 61

Bibliographical reference

Irène Josiane NGOUHADA avec Anne-Bénédicte HOFFNER. Je suis partie pour vivre. Éd. Tallandier, 2019, 188 p.

References

Bibliographical reference

Daniel Fayard, « Irène Josiane Ngouhada avec Anne-Bénédicte Hoffner. Je suis partie pour vivre », Revue Quart Monde, 260 | 2021/4, 61.

Electronic reference

Daniel Fayard, « Irène Josiane Ngouhada avec Anne-Bénédicte Hoffner. Je suis partie pour vivre », Revue Quart Monde [Online], 260 | 2021/4, Online since 01 December 2021, connection on 03 December 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/10515

Après un master « gestion de projets internationaux de solidarité », l’auteure coordonne depuis peu de temps, au sein de l’association Visages d’Espoir, la prise en charge des mineurs isolés étrangers.

À 41 ans, elle décrit ici son parcours de vie. Elle vient de loin, du Cameroun, son pays natal.

Orpheline de mère à 13 ans, élevée par une tante, en conflit avec son père, aidée par un oncle pour sa scolarité, elle n’a pas trouvé ensuite de ressources et d’opportunités pour assumer son autonomie. Elle décide à 32 ans de partir, seule et sans soutien, mettant le cap sur l’Europe où elle espère trouver les moyens d’une vie meilleure.

Elle mettra six ans pour y parvenir, confrontée à de multiples épreuves (système des passeurs, vol, chantage, harcèlement sexuel…) en traversant le Nigeria, le Niger, puis l’Algérie.

Dans ce pays, elle rencontre à Oran des personnes du diocèse catholique, dont l’évêque, qui vont lui permettre dans un premier temps de se reconstruire en lui confiant la responsabilité d’un Jardin des femmes, un lieu d’accueil pour les femmes migrantes et les Algériennes en situations difficiles.

À partir de là, elle trouve encouragements et appuis pour réussir à être admise dans un cursus universitaire à Paris et à obtenir un visa pour la France.

C’est donc le témoignage singulier d’une migration dont on pourrait dire qu’elle s’est bien terminée si on la compare à la multitude des tentatives avortées, souvent mortelles, de ceux et celles qui risquent leur vie en voulant échapper coûte que coûte à un destin jugé infernal, pour le moins liberticide, et en cultivant le rêve ailleurs d’une société estimée paradisiaque.

Les réalités du parcours migratoire, dans les conditions qui s’offrent aux plus démunis, inimaginables pour eux au départ, ne sont pas, chemin faisant, sans provoquer aussi bien désenchantements, désillusions, désespoirs, découragements, que surcroîts de détermination et de courage pour relever le plus grand défi humain de leur vie.

Irène Josiane n’échappe pas à ces turbulences intérieures.

Ce qui est frappant dans son récit c’est la découverte progressive, à travers elles, de ce qu’elle se sent capable de faire dans la vie, de ce qui lui apparaît en quelque sorte comme sa vocation sur cette terre : aider les autres, spécialement ses frères et sœurs migrants.

Elle sait ce qu’ils endurent. Elle va en faire son métier.

Daniel Fayard

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