Thomas Sauvadet, enseignant et chercheur au Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Transformations des Pratiques Éducatives et Sociales (LIRTES), mène une enquête approfondie sur le travail social dans les Quartiers de la Politique de la Ville (QPV). Cette étude, basée sur des entretiens auprès des éducateurs de la prévention spécialisée et des animateurs sociaux des QPV, met en lumière les défis spécifiques auxquels ils sont confrontés.
Dans son analyse de 17 cas, Sauvadet expose les témoignages poignants des travailleurs sociaux, qui font face quotidiennement à la violence, au trafic de drogue, au silence imposé par les gangs, ainsi qu’à la peur de représailles en cas de dénonciation. Cette réalité soulève des questions sur la meilleure manière d’exercer leur métier dans ces conditions difficiles, aggravées par la pauvreté et la culture gangsta1 enracinée depuis les années 1990.
Le concept de « capital guerrier » développé par Sauvadet met en lumière les difficultés persistantes pour les éducateurs, même ceux pratiquant les sports de combat, à s’imposer face aux bandes. Ils se trouvent également pris en étau entre les pressions des milieux politico-associatifs favorisant la paix sociale et les tensions avec la police.
Les travailleurs sociaux tentent diverses approches, notamment le renforcement des liens sociaux, le soutien aux parents dans l’éducation de leurs enfants, et le recrutement de figures locales « grands frères » et « petites sœurs » pour favoriser la proximité avec la communauté. Des idées novatrices telles que la création d’une école spécifique pour les travailleurs sociaux des QPV ou la légalisation du cannabis sont également évoquées pour améliorer la situation.
Ce livre offre une analyse réaliste et perspicace de la vie dans les QPV, mettant en lumière le rôle crucial et difficile des travailleurs sociaux. Il propose des pistes de solution tout en reconnaissant le défi immense auquel ils font face au quotidien.