En Thaïlande, l’année 2007 a été marquée par la révision de la Constitution du pays. Toute personne pouvant justifier d’une adresse ou d’un domicile en a reçu un exemplaire. En son article 87, la Constitution affirme que le « gouvernement a la responsabilité d’instaurer un programme pour permettre aux communautés d’avoir accès aux droits politiques et économiques tels qu’ils existent dans toute démocratie ». Dans la réalité, les populations les plus pauvres restent le plus souvent dans l’ignorance de leurs droits. La peur demeure un obstacle majeur à la mise en œuvre des droits proclamés comme le dit Madame Noi :
« Dans notre communauté il y a un sentiment de solidarité mais quand il s’agit d’engager des démarches administratives, ce sentiment de solidarité disparaît. Par exemple, les gens n’arrivent pas à se décider à se rendre au district pour demander l’enregistrement et la reconnaissance de leur communauté, afin que ses habitants aient accès à l’eau courante et à l’électricité. Les gens ont peur du propriétaire ; ils ont peur de la police. Ils pensent que si nous sommes mêlés à une initiative de ce genre nous pourrions être expulsés de nos habitations alors que nous habitons ici depuis longtemps. La peur est une des raisons principales pour laquelle il n’y a pas de solidarité dans notre communauté et cette peur est la conséquence d’un avenir incertain. Si nous n’avions pas peur d’être expulsés, notre sentiment de solidarité grandirait probablement. Il est très difficile de faire des projets d’avenir, de bâtir sur un terrain qui appartient à quelqu’un d’autre. Imaginez un instant que le propriétaire se pointe : nous serions expulsés par la police et ce serait la fin de notre histoire ! Voila pourquoi nous avons peur, pourquoi nous continuons à vivre ici de la façon dont nous vivons, sans jamais rien demander. Nous espérons seulement rester ici, c’est tout. »