Vendredi 26 août, Paris, place de la Bastille, 20 heures. Une quarantaine de personnes se sont rassemblées pour manifester leur soutien aux Bosniaques, leur refus de la purification ethnique. Elles veulent jeûner sur cette place jusqu’à dimanche soir. Se retrouvent là des militants dont la plupart semblent se connaître, on discute au sein des petits groupes de la situation en Bosnie, de la marche vers Sarajevo à laquelle 3 000 personnes ont participé.
De l’autre côté de la rue, à proximité de l’Opéra Bastille, beaucoup de gens passent, voient les pancartes, les banderoles, très peu traversent.
Un homme d’une cinquantaine d’années, un sac à ses pieds, reste au milieu de ces militants. Il émiette des restants de cigarettes, en récupère le tabac. J’échange quelques mots avec lui. Il m’explique : « Enfant, j’ai dû fuir l’Espagne en 1936. Je passais, j’ai vu les panneaux. Ces gens-là aussi doivent quitter leurs maisons, alors forcément, ça me touche, et je viens… »