L’offense à la dignité de l'homme

Catherine Lalumière

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Catherine Lalumière, « L’offense à la dignité de l'homme », Revue Quart Monde [En ligne], 149 | 1993/4, mis en ligne le 05 juin 1994, consulté le 23 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3341

A la journée du 17 octobre, sur le Parvis du Conseil de l’Europe à Strasbourg, à l’endroit même où, en mai dernier, une réplique de la dalle du Trocadéro a été posée, Catherine Lalumière s’est adressée aux 500 participants.

Mes chers amis,

Une fois encore, nous nous retrouvons, tous ensemble, sur le parvis du Conseil de l’Europe. La première fois, c’était pour poser cette dalle avec cette phrase superbe du père Joseph Wresinski

« Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’homme sont violés.

S’unir pour les faire respecter est u devoir sacré. »

Pour nous, au Conseil de l’Europe, il est très important que nous puissions affirmer, haut et clair, que les Droits de l’homme ne seront jamais respectés si certains hommes restent dans la misère. L’extrême pauvreté est la première violation des Droits de l’homme. Et pour nous qui, au Conseil de l’Europe, avons comme objectif prioritaire la défense de la personne humaine, plus que tout autre, nous nous révoltons contre la misère et contre ses conséquences. C’est pourquoi, aujourd’hui je suis heureuse de vous voir si nombreux rassemblés ici. Désormais, grâce à votre action, une Journée mondiale de refus de la misère a été décidée dans le cadre des Nations unies. Et c’est très important une journée à l’échelle de toute la planète, pour dire que la misère n’est pas une fatalité même si, au fil des siècles, on constate qu’il y a encore des milliers et des millions de gens dans une situation d’extrême pauvreté.

Cette journée ne va pas, bien sûr, régler tout par miracle. Mais elle montre une révolte, et c’est déjà un premier pas. Elle montre aussi une solidarité avec ceux qui, par les malchances d la vie, n’ont rien ou presque rien. Cette solidarité entre tous, c’est déjà quelque chose d’important : reconnaître que, quelle que soit la situation des uns et des autres, l’argent que l’on a ou que l’on n’a pas, on est tous des êtres humains et on est tous frères. Cela déjà est un progrès considérable.

Bien sûr, on ne doit pas s’arrêter là. On doit lutter par tous les moyens contre l’extrême pauvreté et toutes les conséquences de l’extrême pauvreté. Le combat est loin d’être achevé ; mais aujourd’hui, en célébrant partout ce refus de la misère, on progresse. On progresse un peu, mais on progresse ! C’est le sens de ce geste qui nous réunit aujourd’hui devant cette Maison des Droits de l’homme, plus que tout autre sensible à l’injustice, à la tristesse et à l’offense à la dignité de l’homme que représente la très grande pauvreté.

Je pense que nous nous retrouverons ici. Il faut que nous nous retrouvions à d’autres occasions. Je vous donne rendez-vous pour d’autres actions.

Catherine Lalumière

Secrétaire générale du Conseil de l’Europe

CC BY-NC-ND