Une rivière gelée une partie de l’année est la vedette principale du film. Elle sert de frontière entre deux pays développés : le Canada et les USA. Une voiture et deux femmes sont les vedettes secondaires : l’une des femmes, Lila, vole à l’autre, Ray, la voiture d’un mari qui est parti vivre sa vie ailleurs. C’est la suite de cet événement qui forme la trame de l’histoire que raconte le film.
Lila vit aux USA dans une réserve d’Indiens traversée par la rivière. Ray, employée à temps partiel aux USA, quasiment sa voisine, est presque aussi pauvre que Lila mais elle est blanche. Ses préjugés sont ceux de son univers. De galère en galère ces deux femmes seules avec enfants, au départ ennemies, finissent par se trouver des intérêts communs. On le comprend peu à peu. C’est à cause du coffre de la voiture, que Lila l’a volée, et c’est à cause du coffre que la voleuse initie la victime au métier de passeur de clandestins. C’est parce qu’elle a besoin d’argent que Ray accepte de collaborer. Ces deux femmes ne sont qu’un des rouages d’une machine qui organise le transit d’Asiatiques, de Pakistanais qui vont du Canada aux USA en traversant la rivière dans le coffre d’une voiture. Ça commence comme un conflit âpre sur fonds de misère sociale, puis on voit comment cela devient un business à partager avec les risques, et enfin se crée entre elles une certaine connivence. Ce film n’est pas tendre ; c’est une simple tranche de vie ; la rudesse de la vie des plus démunies toute crue qui laisse peu de place à l’expression des sentiments. Ray est très étonnée que des Pakistanais prennent tous ces risques pour venir vivre dans son pays, les USA. Les polices tribales et fédérales jouent leur rôle. Mais la fin qui finit par émerger de toute cette rudesse est plus optimiste. Un film de la même veine que Rosetta, La Promesse, et Le silence de Lorna, des frères Dardenne1.