Shabnam Resources, La face cachée de Slumdog Millionaire

Réflexions d’une association indienne sur le film Slumdog millionnaire.

Shabnan Resources.

p. 60

Bibliographical reference

Danny Boyle, Slumdog Millionaire, sorti en salle en 2009, adapté du roman indien de Vikas Swarup, Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devient milliardaire.

References

Bibliographical reference

Shabnan Resources., « Shabnam Resources, La face cachée de Slumdog Millionaire », Revue Quart Monde, 211 | 2009/3, 60.

Electronic reference

Shabnan Resources., « Shabnam Resources, La face cachée de Slumdog Millionaire », Revue Quart Monde [Online], 211 | 2009/3, Online since 01 March 2010, connection on 13 October 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/3430

En Inde, l’association Shabnam Resources concentre son travail sur les besoins des enfants qui vivent en zones rurales et semi-rurales. La plupart orphelins, ils sont exposés au travail précoce et aux abus de toutes sortes. Les projets de l’association visent à l’amélioration de leurs conditions de vie et de celles des personnes âgées défavorisées. Une école alternative, peu coûteuse, développe des initiatives originales. Le projet « Enrichissement des jeunes esprits par les contes » fait partie de « siruvar arangam » (le coin des enfants).

Nous pensons que la lecture de contes par les grands-parents est en train de se perdre pour de nombreuses raisons. Raconter des histoires constitue l’un des éléments les plus forts pour le développement de l’esprit de l’enfant, ce qui a été scientifiquement prouvé. Nous voulions l’essayer et motiver les enfants pour leurs examens de fin d’année.

Toute l’expérience s’est déroulée en Tamil, la langue locale. Nous voulions raviver, chez les enfants, la connaissance de leur langue, ce qui demandait de l’attention pour progresser. Nous avions convié des femmes âgées quasiment délaissées par leurs propres enfants, adultes et mariés. Chaque enfant était invité à s’asseoir auprès d’une femme âgée, grand-mère de substitution. Il était demandé à chacune de ces grands-mères de partager leurs histoires à un « petit-fils » pendant vingt minutes. Ensuite, chaque enfant devait raconter ce qu’il avait entendu. L’histoire racontée par les grands-mères devait avoir du sens, contenir des détails intéressants et on devait pouvoir en tirer des leçons. Chaque enfant a raconté de façon merveilleuse l’histoire qu’il venait d’entendre ; les grands-mères les ont écoutés silencieusement et même certaines histoires ont fait couler des larmes.

A la séance suivante, chaque grand-mère devait décrire la géographie de la région, son économie, etc. Plusieurs constats stupéfiants en sont ressortis. L’un d’entre eux est le fléau de l’urbanisation galopante et un autre, celui de l’abandon continu de la vie rurale. Cela nous a fait comprendre que ce que décrit le film Slumdog Millionaire est seulement la partie visible de l’iceberg. La plupart de ces enfants et de ces grands-mamans vivaient dans des bidonvilles. Nous avions à notre disposition deux évaluateurs. L’évaluation a montré que quatre enfants avaient progressé dans la présentation des histoires. Ils ont reçu des cadeaux en récompense de leur enthousiasme. Nous avons poursuivi la session en proposant aux enfants des activités d’éveil afin d’améliorer leur mémoire. Cela les a énormément aidés car ils devaient bientôt passer leurs examens de fin d’année.

( Article de M.R. Hubert, Shabnam Resources, Inde. Extrait de la Lettre aux Amis du Monde, n° 71, Mai 2009, http://www.atd-quartmonde.org/-Forum-permanent-sur-l-extreme-.html.)

CC BY-NC-ND