Yao : Nous connaissons par les premiers gestes, les attitudes, le comportement : regard, sourire. Nous sentons ça automatiquement à la façon d’agir.
Narcisse : L’intuition nous donne les premières connaissances.
Amara : Par ton parler, ta joie, nous savons qui tu es, si tu te sens bien au milieu de tes frères africains.
Zokou : Nous observons beaucoup ton comportement, c’est là qu’on va tout comprendre.
Gabriel : Nous avons des gestes aussi. Quand tu arrives dans un village, on te donne noix et piment. Le chef goûte, il te remet et tu croques. Même si tu ne consommes pas, il faut prendre. C’est une façon de partager la vie. Sinon, c’est comme si tu disais : « Moi, je ne suis pas pareil. »
Koffi : Nous voyons, nous cherchons à toucher, nous n’allons pas poser des questions. Vous, vous diriez : « Pourquoi le nez est gros ? ou long ? » Nous, on va regarder. Nous ne demanderons jamais à quelqu’un s’il est marié ou sil a des enfants, mais nous dirons : « J’ai trois femmes et dix enfants. Est-ce que ta femme se porte bien ? Est-ce que tes enfants se portent bien ? » Nous essayons de mettre la personne à l’aise, en elle-même, et elle va communiquer. C’est à partir de ce mot « bien » que la rencontre peut se faire, que la personne s’ouvre. Le Baoulé est concret : pour dire qu’il est content, il dira : « J’ai la joie dans mon cœur. »
Raymond : Un étranger arrive. La Vieille va chercher de l’eau et la servir. Elle ne dira jamais : « Est-ce que vous vous lavez ? » Elle constate que vous vous lavez et c’est un point commun. L’eau, le savon, la serviette, ce sont des éléments qui se voient, qui se touchent. Elle apporte de la nourriture et elle voit que vous mangez, c’est un autre point commun.
Yao : « Je t’aime », ne se dit jamais avec la bouche. C’est avec la façon d’agir. Une fille peut dire à ses camarades de confiance que son gars est gentil. Elle le fait entrer comme cela dans le groupe.
Jacques : Si tu es aimé par la famille de ta femme, c’est que ta femme t’aime. Si tu es aimée par la famille de ton mari, c’est que ton mari t’aime.
Dominique : Chez nous, la fille se laisse voler par le mari. A partir de là, les parents vont se concerter. Un matin, ils se présentent chez le mari. Si la fille repart, c’est qu’elle n’aime pas le mari.
Traoré : Quand quelqu’un arrive pour la première fois, on lui demande la nouvelle. Il dit : « Je suis venu vous voir, vous saluer. » On lui demande la deuxième nouvelle. Avant de la dire, il prendra soin de préciser : « Je suis le fils d’untel, qui a fait ceci ou cela. » Il se situe en lien avec quelqu’un.
Dasso : Il y a aussi le respect.
Yéo : Quand un étranger arrive, nous pensons que s’il a faim, il va se modérer devant tous. Alors il est servi à part, on lui donne deux ou trois enfants pour manger avec lui. Comme cela, devant les enfants, il n’est pas gêné, il est à l’aise pour manger normalement. Il est mis dans le bain sans questions.
Siméon : Quand l’étranger arrive au village, nous ne lui demandons pas quand il repart. Car il peut penser qu’il est venu te gêner. Nous le mettons dans le groupe de la famille, nous le servons à part, jusqu’à ce qu’il demande à manger avec tous. Lui-même va dire le jour où il veut partir.
Youssouf : Chacun respecte l’autre, sa façon d’agir.
Maktar : Un proverbe dit : « Si tu arrives dans un village où les gens écrasent les plantes médicinales avec un œuf, fais de même. » Nous voyons qui tu es, au respect.