Le 11 février 1987, le Conseil Économique et Social a publiquement affirmé que la misère est un déni des droits de l’homme.
Dans son rapport « Grande Pauvreté et Précarité Économique et Sociale », cette assemblée s’adresse à nous tous pour que soient adoptées des mesures globales, cohérentes et prospectives pour lutter contre la misère.
La demande du Conseil Économique et Social est tout d’abord de mettre fin à l’assistance et de reconnaître que tous les hommes ont droit à une école pour les enfants, à une formation pour les jeunes, à un travail pour des adultes, à un logement pour les familles, qu’ils ont droit à être soignés et à être entendus.
Si le Conseil Économique et Social s’est ainsi prononcé, c’est parce que les familles du Quart Monde ont toujours affirmé qu’elles refusent leur situation et, qu’en tant qu’êtres humains, les plus pauvres sont sujets de droit.
Elles ont expliqué que l’humiliation et la dépendance les font souffrir plus encore que les privations elles-mêmes.
C’est à la liberté et à la reconnaissance de leur égale dignité qu’elles aspirent.
« Les pauvres sont comme les autres, en chair et en os. »
« Savoir lire et écrire, c’est la liberté. »
« Celui qui n’a pas de métier est un esclave. »
« Quand il faut d’abord s’humilier pour demander des papiers, on ne peut pas se soigner. »
« Être respecté, c’est avoir un logement où on n’ait pas honte de dire que l’on habite ».
Dignité, liberté, égalité, voilà ce que les familles du Quart Monde réclament.
À lui seul, un plancher de ressources ne garantit ni dignité, ni liberté, ni égalité. Dans l’esprit de beaucoup cela reste une aumône. Dans ce cas, rien ne changera car il manquera la reconnaissance des hommes.
Mais soyons sérieux avec les pauvres : quels enfants peuvent réussir à l’école, quels jeunes se former, quels adultes chercher et tenir un travail, quelles familles se loger, se soigner et se faire entendre en vivant dans l’angoisse d’un budget aberrant et dans la privation de nourriture, de vêtements et d’autres biens élémentaires ?
Le revenu garanti ne suffira pas à mettre fin à la misère. Mais sans lui, il est impossible de parler du reste.