Il m’a toujours semblé remarquable que, malgré l’oppression et la séparation des peuples par les idéologies, les guerres ou toute autre raison, la famille a survécu comme unité sociale à travers des siècles. Une vie familiale sûre et heureuse est le fondement d’une communauté, d’un pays et d’un monde sûrs et équilibrés.
Chacun de nous ressent le besoin de s’identifier à sa propre famille et de l’aimer, même à notre époque où les conventions et les valeurs changent et où l’État s’immisce dans tant de domaines qui devraient rester de la responsabilité de l’individu. Je crois que ce besoin doit être soutenu. C’est la seule manière pour que des individus soient en mesure d’affronter les défis de l’an 2000.
Le travail d’ATD Quart Monde m’a attirée, pour cette raison. En effet, l’approche du père Joseph et de ceux qui l’ont rejoint était, et a toujours été, de s’attaquer aux difficultés des plus défavorisés par le biais de la famille. Ce faisant, il a créé, évidemment, une famille plus large.
Par exemple, un enfant handicapé et un enfant illettré ont besoin d’aide chacun à sa manière, de même qu’un parent faible ou âgé. Ils peuvent avoir besoin d’une assistance financière ou d’un soutien de l’État pour pallier leur désavantage. Mais cette aide ne peut être orientée et ciblée au mieux, qu’avec le soutien patient et l’implication de leur famille entière.
À mon avis, il faut éviter autant que possible l’intervention des institutions. Dans le cas d’un enfant illettré par exemple, le mieux est de garantir que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ne soit pas seulement ouvert à l’enfant mais aussi, le cas échéant, à ses parents, frères et sœurs. Sinon, ils ne peuvent pas acquérir la fierté nécessaire ni fournir l’encouragement indispensable à la personne concernée.
Je pense que dans tous les cas, tant l’État que des organisations volontaires comme ATD Quart Monde ont un rôle à jouer. Mais en fin de compte, lorsqu’on a besoin d’aide, on doit la vouloir. Et la meilleure façon de la fournir est de soutenir et d’encourager la famille, pour que celle-ci puisse offrir à la personne qu’on aide un environnement stable et encourageant sans lequel la lenteur du progrès peut être tellement pénible.
En tant qu’un des membres fondateurs du « Comité Quart Monde au Parlement européen », je salue et je reconnais le travail et les résultats du Mouvement au cours des trente dernières années. Par là même, j’adresse mes félicitations à tous ceux qui travaillent dur, sans bruit et souvent de façon inaperçue avec les familles défavorisées. Elles ont besoin de cette main secourable pour réaliser ce que nous reconnaissons et souhaitons tous : l’engagement et la participation de tous les membres de la société pour soutenir leurs propres familles et communautés et les faire respecter.
Je ne peux qu’exprimer mes félicitations à l’égard des succès des trente dernières années – et il y en a eu beaucoup. Mais quelles que soient les réussites et l’efficacité d’une organisation, il y aura toujours besoin de personnes engagées et expérimentées pour aider ceux qui sont en difficulté ou en détresse. À ce niveau, tous les gens de bonne volonté ont un rôle à jouer quelle que soit leur position religieuse. Néanmoins, nous savons que Jésus Christ était du côté des pauvres et des opprimés et c’est la base de notre confiance.