Isabelle Anthonioz-Gaggini. Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon. Dialogues

Éd. Plon, avril 2015, 180 pages

Daniel Fayard

p. 61

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Isabelle Anthonioz-Gaggini. Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon. Dialogues. Éd. Plon, avril 2015, 180 pages ; 16,90 €

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Daniel Fayard, « Isabelle Anthonioz-Gaggini. Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon. Dialogues  », Revue Quart Monde, 235 | 2015/3, 61.

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Daniel Fayard, « Isabelle Anthonioz-Gaggini. Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon. Dialogues  », Revue Quart Monde [En ligne], 235 | 2015/3, mis en ligne le 01 février 2016, consulté le 19 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6422

On ne saurait trop remercier la fille de Geneviève de Gaulle-Anthonioz d’avoir rendu publics et de présenter les entretiens et les documents qui constituent cet ouvrage, édité en hommage à sa mère et à la marraine d’un de ses frères à l’occasion de l’entrée au Panthéon de ces deux grandes résistantes.

Un héritage familial en quelque sorte érigé en héritage sociopolitique afin qu’un plus grand nombre de citoyens prennent ou reprennent conscience du « prix cher payé » par des milliers de déportés dans les camps nazis durant la seconde guerre mondiale.

À Ravensbrück bien sûr, avec les souvenirs personnels de ces deux femmes, sur la réalité des conditions d’existence imposées, sur la mise en œuvre des anéantissements et des exterminations, aussi sur des gestes clandestins de solidarité, de partage, de tendresse ou de culture.

Mais bien au-delà, avec leurs réflexions, sur la nécessité absolue du refus de l’inacceptable, autant celui du déshonneur de la capitulation devant l’envahisseur que celui de l’idéologie hitlérienne.

Témoigner au nom de tous ceux qui en ont été les victimes pour tenter de se prémunir du retour toujours possible des folies meurtrières et génocidaires comme on en voit, hélas, resurgir ici ou là encore aujourd’hui.

Des références biographiques bien utiles permettent de se remémorer le parcours respectif de Germaine et de Geneviève, de prendre la mesure de leurs destins croisés.

Leurs dialogues, enregistrés et filmés, traduisent l’amitié - ou plutôt la fraternité - qui les a soutenues durablement dans leur combat commun pour le respect de la dignité humaine.

La reproduction de trois discours de Geneviève de Gaulle Anthonioz (1947, 1992, 1999) met sous les yeux du lecteur la teneur d’une pensée et d’une compassion forgées dans le malheur.

Résister, c’était pour elles une question d’honneur. Cela ne se raisonne pas. « L’honneur est un instinct, comme l’amour. » Ces propos de Georges Bernanos mis en exergue le disent magnifiquement. Et en faire mémoire inlassablement a été pour elles, jusqu’à leur mort, le fil rouge d’un impératif moral.

Daniel Fayard

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