Petr Vaclav. Zaneta

Film, France, République Tchèque, 2014

Marie-Hélène Dacos-Burgues

p. 52

Référence(s) :

Petr Vaclav. Zaneta, film, France, République Tchèque, 2014

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Petr Vaclav. Zaneta », Revue Quart Monde, 235 | 2015/3, 52.

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Marie-Hélène Dacos-Burgues, « Petr Vaclav. Zaneta », Revue Quart Monde [En ligne], 235 | 2015/3, mis en ligne le 01 février 2016, consulté le 20 avril 2024. URL : https://www.revue-quartmonde.org/6464

C’est d’abord une belle histoire d’amour entre deux personnes dont les difficultés vont croissant. Zaneta1 et David sont jeunes, amoureux, et ont un enfant. Ils ont aussi la charge de la sœur de Zaneta, une adolescente de treize ans. Ils vivent à quatre, en ville, dans un appartement, loin de leur famille. Zaneta porte un projet fou, dans ce coin de Bohême où ils sont nés. Elle veut s’intégrer à tout prix dans la société tchèque. C’est là la première des difficultés et non la moindre. Car ils sont Roms, ou gitans, ou comme on le leur dit souvent « noirs ». Sans cesse renvoyés à être « l’autre » de cette société qui a du mal à s’extraire des habitudes communistes et n’a pas renoncé au racisme anti - tzigane. Le passage de la société communiste à la société occidentale n’a pas tenu toutes ses promesses. Les avantages ont disparu. Le loyer n’est plus gratuit, l’électricité est payante. Zaneta, femme fière, douce, digne et courageuse, ne renonce jamais. Son compagnon David, plus influençable, trouve des solutions aléatoires. Ses tentatives sont toutes plus ou moins illégales, vouées à l’échec ou pire, vouées à les entraîner dans une misère plus sombre encore car il n’a pas que de bons amis.

Ils ne trouvent pas d’emploi à cause de leurs origines et d’un racisme latent. Les structures de l’aide sociale apparaissent comme très contraignantes, normatives, peu empathiques. La voie de délinquance est là présente, beaucoup plus facile d’accès que la voie de l’intégration.

Zaneta découvre des projets de David qu’elle réprouve. Elle s’inquiète de l’influence sur lui d’une prostituée de leur milieu, prostituée qu’enfant, la maman de Zaneta aimait bien. Elle finit par quitter David, par trouver un emploi dans une usine pour handicapées, et vit avec sa fille dans un foyer. Là non plus elle ne baisse pas les bras, combative toujours.

Ce qui émeut, c’est non seulement la personne de Zaneta, sa beauté et sa détermination extrêmement bien jouée par Klaudia Dudova, sa fragilité mais c’est également la fragilité de David, plus bourru, plus sauvage, aimant, un peu perdu face à l’hostilité ambiante. Enfin la fragilité du couple. Est tout à fait remarquable cet amour que David vient à tout instant proposer à nouveau à Zaneta comme le seul bien qu’il possède et dont obscurément il est sûr qu’il peut les sortir de là. Sans trop de paroles et surtout sans moraliser il essaye de la convaincre que sa place est auprès de lui. Leur famille, le frère de David, le père de Zaneta, sont là aussi pour conforter le petit couple avec beaucoup d’humanité. Un très beau film qu’on a comparé à Rosetta des frères Dardenne. Il a été primé de nombreuses fois.

1 Avec Klaudia Dudova dans le rôle de Zaneta.

1 Avec Klaudia Dudova dans le rôle de Zaneta.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

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